HAMBOURG, Allemagne - Les diplomates des principales économies de la planète réunies ce vendredi à Hambourg s'apprêtent à vivre une longue nuit de négociations pour parvenir à un communiqué final conjoint sur le climat et le commerce, pommes de discorde avec les Etats-Unis.
La pression s'est accentuée tout au long de la journée sur le président américain Donald Trump, invité par ses partenaires du G20 à revenir sur sa décision de sortir de l'accord de Paris sur le climat et à assouplir sa position en matière de protectionnisme économique.
A l'issue de cette première journée d'échanges dans cette ville du nord de l'Allemagne, transformée en forteresse, les 19 chefs d'Etat et de gouvernement et le représentant de l'Union européenne ne sont parvenus qu'à se mettre d'accord sur la seule question de la lutte contre le financement du terrorisme.
"Cette déclaration spécifique contient des mesures qui vont dans le sens d'un renforcement du groupe d'action financière (Gafi, un organe de l'OCDE-NDLR), de ses capacités juridiques, financières et de ses capacités d'intervention partout dans le monde", souligne un diplomate. "C'est un signal important après la nouvelle vague d'attentats qu'on a connus récemment."
Un autre volet porte sur la propagande terroriste en ligne et poursuit le travail entamé au G7 en Sicile fin mai.
Sans surprise, les discussions se sont révélées beaucoup plus ardues sur le climat et le commerce.
"Sur le commerce, pratiquement tout le monde croit en la nécessité d'un commerce libre mais aussi équitable. Cependant, je peux avancer qu'en ce qui concerne le commerce dans le communiqué, les sherpas ont encore beaucoup de travail devant eux cette nuit", a dit la chancelière allemande Angela Merkel.
"J'espère qu'ils pourront nous apporter un bon résultat cette nuit. Mais là, les discussions sont très difficiles", a-t-elle ajouté devant la presse à l'issue des sessions de travail.
TRUMP PROMET DE DÉFENDRE LES INTÉRÊTS DE SON PAYS
Les tensions se sont multipliées depuis l'arrivée au pouvoir en janvier de Donald Trump qui s'en est pris à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), aux excédents commerciaux de l'Allemagne et à la surproduction d'acier par la Chine.
Signe de la tension grandissante, le chef de la diplomatie allemande Sigmar Gabriel a laissé entendre cette semaine que l'adoption par l'administration américaine de mesures visant les exportations européennes pourrait déclencher une guerre commerciale transatlantique.
Le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine, membres du groupe BRICS, ont eux signé un communiqué commun dans lequel ils appellent à favoriser la mise en oeuvre de l'accord de Paris et à refuser le protectionnisme.
Soucieuse d'éviter un fiasco diplomatique à deux mois de ses élections législatives, la chancelière allemande a pour sa part multiplié les initiatives diplomatiques ces derniers jours.
Après avoir dépêché son haut conseiller économique à Washington pour d'ultimes tractations, Angela Merkel s'est entretenue avec Donald Trump jeudi soir, pendant une heure, dans un hôtel de Hambourg, à la veille du sommet.
Donald Trump a de son côté une nouvelle fois assuré, vendredi matin, qu'il se "battrait" pour défendre "les intérêts" de son pays, laissant présager des discussions longues et difficiles.
Sur le climat, la présidence allemande souhaiterait intégrer un "chapitre énergie climat en trois paragraphes dans le communiqué final", souligne-t-on de source diplomatique.
Ce paragraphe comprendrait une première partie "sur les points sur lesquels tout le monde est d'accord", une seconde évoquerait la position américaine et une troisième évoquerait "l'irréversibilité" de l'accord de Paris.
"Le texte n'est pas encore consolidé", précise-t-on, "mais la structure du texte montre qu'il y a les Etats-Unis d'un côté, les autres pays de l'autre".
PREMIÈRE RENCONTRE TRUMP-POUTINE
Au-delà des sujets inscrits à l'ordre du jour, la première journée du sommet a été marquée, dans l'après-midi, par un premier tête-à-tête très attendu entre Donald Trump et le président russe Vladimir Poutine. La rencontre, entamée avec amabilités et sourires, a duré plus de deux heures.
Les deux dirigeants, qui soutiennent des camps rivaux dans les conflits ukrainien et syrien, ont reconnu ces derniers mois par médias interposés que les relations entre leur deux pays étaient au plus bas et s'étaient dégradées, sous l'effet notamment de leurs désaccords diplomatiques.
Située dans le nord de l'Allemagne, Hambourg vit depuis quelques jours en état de siège. Des mesures de sécurité renforcées ont été prises par crainte de débordements des manifestations antimondialistes.
Jeudi soir, après une manifestation qui s'est déroulée globalement dans le calme, des heurts ont éclaté entre forces de l'ordre et manifestants, faisant selon une centaine de blessés légers dans les rangs des policiers. Une trentaine de manifestants ont été interpellés.
(avec Paul Carrel, Andreas Rinke, Roberta Rampton et Jeff Mason, édité par Yves Clarisse)
par Marine Pennetier et Noah Barkin
Reuters
Le 7 juillet 2017
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