Cergy (Val-d’Oise), ce lundi. Avant d’obtenir son titre de séjour pour son acte de bravoure, Aymen Latrous était sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français.
Aymen Latrous, qui était sans papier, a reçu ce lundi sa carte de séjour, trois ans après avoir sauvé des enfants d’un incendie avec des amis, à Fosses.
Aymen caresse longuement des doigts la carte de séjour qu’il vient de recevoir comme pour se convaincre que les années de galère et de clandestinité sont bien derrière lui. Il était un peu plus
de 14 heures ce lundi lorsque ce jeune Tunisien de 25 ans est ressorti de la préfecture du Val-d’Oise, à Cergy, muni de ce titre de séjour d’un an renouvelable lui permettant de travailler en
toute légalité.
« C’est un soulagement… Je suis si content. Je n’arrivais pas à travailler. Je vais enfin pouvoir voir ma famille. Mener une vie normale », confie un peu abasourdi le jeune homme, arrivé de
Tunisie en 2013.
C’est un combat de plusieurs mois qui s’est ainsi achevé, mené par Me Philippine Parastatis, son avocate, qui l’a accompagné à Cergy, en préfecture. Début juin, après avoir saisi le tribunal
administratif, elle avait dénoncé la situation dans laquelle se trouvait le jeune homme, la comparant avec la naturalisation express accordée à Mamoudou Gassama. Ce dernier, sans papier, avait
escaladé le 26 mai un immeuble parisien pour sauver un enfant suspendu dans le vide. Les images du sauvetage avaient fait le tour du monde alors que l’acte héroïque d’Aymen Latrous avait été bien
plus discret.
Décoré par le maire mais risquant l’expulsion
Le 10 avril 2015, avec deux copains, il avait sauvé deux enfants de 19 mois et 4 ans piégés dans un appartement en feu à Fosses. Son acte de courage lui avait valu une décoration du maire de
Fosses, Pierre Barros, qui allait appuyer en 2017 sa demande de titre de séjour. Mais cela n’avait pas empêché le préfet du Val-d’Oise de délivrer à son encontre un refus de séjour assorti d’une
obligation de quitter le territoire français le 30 janvier dernier. Il était dès lors à la merci du premier contrôle de police et d’une expulsion.
« Je faisais attention, je ne sortais pas beaucoup. Je restais à Fosses, confie Aymen, un diplôme d’informatique en poche. Je vais aller directement m’inscrire en intérim. La mairie va m’aider à
trouver une formation pour m’aider. »
Pas de réponse d’Emmanuel Macron
« Aymen va enfin pouvoir vivre normalement. Je considère qu’il y a droit, prolonge Me Philippine Parastatis. Mais je reste déçue que M. Macron n’ait pas répondu à mon appel pour nous recevoir. Il
reste qu’il y a eu deux poids deux mesures entre sa situation et celle de Mamoudou Gassama, qui a reçu tous les honneurs. Nous aurions aimé faire part au Président de son histoire à lui, qu’il
puisse être entendu. Je constate aussi que c’est grâce à la médiatisation qu’il a obtenu son titre de séjour. »
La situation d’Aymen Latrous, décrite dans « Le Parisien » le 3 juin dernier, avait été alors reprise par l’ensemble des médias français mais aussi de nombreux journaux étrangers, de l’Allemagne
(« Die Rheinpfalz ») à l’Espagne (« El Pais »), en passant par la BBC… La préfecture du Val-d’Oise avait alors annoncé qu’elle réexaminerait le dossier avant de suspendre l’obligation de quitter
le territoire français le 7 juin.
« Le combat ne s’arrête pas là, poursuit Me Parastatis. J’entends aujourd’hui mener toutes les formalités pour obtenir naturalisation. Et je relance mon appel à Emmanuel Macron pour être reçue.
»
leparisien.fr - Frédéric Naizot
Le 31 juillet 2018
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