Abubakar Fofana, tué par la police mardi soir à Nantes, était originaire du quartier de la Muette à Garges-lès-Gonesse (Val d’Oise).
« Justice pour Abou, la police assassine. » C’est à ces cris qu’a résonné ce mercredi soir à Garges-lès-Gonesse (Val-d’Oise) le rassemblement « spontané » organisé après la mort d’Abubakar Fofana, ce jeune homme de 22 ans tué par un policier mardi soir à Nantes. C’est ici, dans le quartier de la Muette que vivait Aboubakar.
Des jeunes, des moins jeunes, des enfants, des mères de famille… Place Nelson-Mandela, le quartier s’est mobilisé à la suite d’un appel lancé sur les réseaux sociaux ce mercredi. « Vérité et justice pour Abou », scandent les participants à cette marche entre Garges et le commissariat de Sarcelles.
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« Abou était un gentil jeune homme »
« Comme vous savez, hier soir (mardi NDLR), un jeune s’est fait tirer dessus pour des raisons détournées par les médias, lance une organisatrice. Abou était un gentil jeune homme respectueux. Pour sa mémoire, nous organisons une marche. Pour Abou. »
Une cagnotte a été mise en place pour soutenir « la maman qui est seule à élever ses enfants. Nous sommes tous susceptibles d’être à la place de sa mère ». Le cortège s’avance vers Sarcelles. « Justice pour Abou, la police assassine », reprennent les marcheurs. « C’est systématiquement la même chose. La victime devient coupable. Au nom de quoi la police tue impunément ? », s’emporte l’une des organisatrices.
« Ça ne doit pas rester impuni »
Aboubakar Fofana, elle le connaissait. « Il était très respectueux, aimable, ce n’était pas un jeune à histoire. Sa mère l’a élevé comme il faut. On voulait le tuer ! On aurait pu tirer sur les pneus de sa voiture ou sur ses jambes mais on a tiré au cou. » Ils sont plusieurs à partager cet avis. « Cette soi-disant légitime défense. Nous on va se faire tuer comme ça… C’est un cri de douleur on comprend pas ». Pour tous cette marche est nécessaire. « On veut montrer qu’on a mal, que ça ne doit pas rester impuni. »
Fabienne Azalbert, la commissaire de Sarcelles, a joué les modérateurs en proposant de recevoir une délégation. « J’ai vu la maman de la victime qui était là. Je suis prête à recevoir pour expliquer la procédure en cours. On est convenu d’une minute de silence. On a laissé tout le monde échanger en leur demandant de se disperser tranquillement. On a vu avec les médiateurs des deux communes, le but étant laisser l’enquête se poursuivre et de ne pas faire de surenchère. Maintenant, on va surveiller pour éviter qu’il y ait des incidents. Le but est d’apaiser tout le monde.» Vers 21 heures, un calme fragile semblait revenu dans le quartier. Dans la soirée, l’avocat de la famille appelait au calme en attendant la marche blanche prévue pour jeudi à Nantes.
« Les médias ne viennent que quand ça ne va pas »
Plus tôt dans l’après-midi, le climat était tendu place Nelson-Mandela à Garges-lès-Gonesse. « Depuis ce matin il y a la police partout. Et les médias n’arrêtent pas, ils viennent que quand ça ne va pas », souffle un jeune habitant du quartier de la Muette.
« Là, on s’est réuni comme ça », poursuit-il, avant de rejoindre un groupe, situé devant un supermarché. Devant cette supérette, aucune des personnes présentes rencontrées ne souhaite discuter. « Le flic a tué un jeune et voilà, il ne va rien à voir et votre article ne va rien changer, on veut pas vous parler », insistent ces habitants.
Plus loin, des mères patientent. « On vient de l’apprendre, on est venu pour soutenir la famille, ça peut arriver à n’importe qui, il faut être là, ensemble », insistent ces deux femmes qui vivent dans le quartier « depuis 30 ans ».
Sarcelles (Val-d’Oise), ce mercredi soir. « La police assassine » criaient les manifestants qui se sont rendus devant le commissariat. Photo M.G/LP

M.G. leparisien.fr
Le 5 juillet 2018

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