Il ne fait pas un pas dans Conakry, sa ville natale, sans être interpellé, sans sacrifier au sacro-saint culte du selfie. Ses titres sont téléchargés jusqu’à plus soif et il est l’un des deux ou trois chanteurs guinéens à remplir, en concert, des stades de 40 000 personnes. 
Le destin de Souleymane Bangoura semblait tout tracé par son père, Morlaye, tailleur mélomane qui poussait le vice musical jusqu’à rapporter presque chaque jour à la maison cassettes, vinyls ou Cds qu’il faisait écouter à sa famille. De Céline Dion à Charles Aznavour en passant par Stevie Wonder ou les héros de la musique africaine, telle fut la play-list de son enfance et de son adolescence. Et le jeune garçon, du coup, se prit à chanter… et pas seulement sous la douche ! Bientôt, son très joli filet de voix lui fit oublier ses rêves de footballeur et sa licence en gestion de ressources humaines.
 

Ses débuts ? Dans un groupe de rap, Micro Méga, qui lui demandera d’assurer les parties vocales. Puis il vole de ses propres ailes. Un premier album, « Dimedi », en 2011, purement R’n’B’, sous l’influence de R.Kelly et Craig David, ses idoles. Il est déjà devenu Soul (comme Souleymane), Bang’s (comme le bang bang au cœur qu’il provoque chez les jeunes filles émues par son timbre à la fois clair et chaud, celui d’un Salif Keïta moins rugueux). Deux autres opus suivront : « Evolution. Vol.1 » en 2012 et « Cosmopolite » en 2017. Et il sera lauréat du prix Découvertes-RFI en 2016. 

Mais, à 26 ans, le « petit » Soul Bang’s voit au-delà. « J’ai l’ambition d’être un des plus grands chanteurs du monde, avoue-t-il. Ma référence, c’est Youssou Ndour. Il est parvenu à être cet immense chanteur et aussi un businessman qui possède son autonomie financière, son studio d’enregistrement, son groupe, son club où il peut jouer quand il veut. » Premier pas vers la reconnaissance internationale : « Yelenna », son quatrième album, sorti il y a un mois sur le label Sony/Afrique, enregistré en live, sans beat-box mais avec des instruments traditionnels et où Soul Bang’s abandonne son R’n’B’ originel et vire vers l’Afrique en louvoyant entre musique mandingue moderne et afro-pop.

« «Yelenna » est mon album le plus abouti », estime-t-il. Et ce n’est pas seulement lui qui l’affirme ! Car Souleymane bénéficie depuis un certain temps des conseils discrets d’un orfèvre en la matière, un certain Mory Kanté, l’auteur de « Yeke Yeke », monstrueux tube mondial des années 1980, et qui est aussi… son beau-père ! Car notre nouvelle voix d’or a épousé, en 2016, Manamba Kanté, chanteuse elle aussi, avec qui il a eu deux enfants. « Mon beau-père est le premier à qui j’ai fait écouter « Yelenna ». Il m’a tout de suite rassuré et m’a dit : « Tu as fait un album costaud et il faut te préparer pour la suite. » Beau visa pour la célébrité, non ?

Par Jean-Michel Denis, Paris Match
Le 23 avril 2019

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