Les leaders de la contestation au Soudan et les militaires au pouvoir ont tenu de nouvelles discussions lundi sur la composition d'un Conseil conjoint qui inclurait de représentants de l'armée et des civils et prendrait la tête du pays.
Les deux camps ont proposé chacun des compositions différentes pour ce Conseil conjoint, a déclaré un porte-parole militaire au cours d'une conférence de presse, exprimant l'espoir qu'un accord sera prochainement trouvé sur la forme définitive de cet organe qui doit remplacer le Conseil militaire.
La réunion s'est tenue au palais présidentiel à Khartoum, selon un journaliste de l'AFP sur place.
Ces nouvelles discussions interviennent deux jours après l'annonce d'un accord entre les deux camps sur la création d'une autorité comprenant civils et militaires.
"Le Conseil militaire a présenté sa vision d'un Conseil conjoint composé de 10 membres, dont sept militaires et trois civils", a expliqué lundi soir le porte-parole, le général Chamseddine Kabbachi.
"L'Alliance pour la liberté et le changement a présenté sa vision d'un Conseil conjoint de 15 membres, dont huit civils et sept militaires", a-t-il ajouté, faisant référence au groupe menant le mouvement de contestation qui secoue le pays depuis plus de quatre mois.
Il a souligné que les deux camps ont convenu d'examiner les propositions présentées lors de leur rencontre de lundi, défendant l'idée d'une représentation plus importante des militaires au sein du Conseil conjoint.
Ce Conseil sera l'autorité suprême du pays et sera chargé de former un nouveau gouvernement civil de transition pour gérer les affaires courantes et ouvrir la voie aux premières élections post-Béchir.
"Les nécessités qui nous ont fait prendre le parti du peuple sont toujours là et c'est pourquoi il est important que nous soyons dans le conseil souverain", a souligné le porte-parole, sans préciser pourquoi les généraux insistaient pour avoir la majorité des sièges.
Les discussions doivent reprendre mardi, selon M. Kabbachi.
Les leaders de la contestation devraient présenter leurs propositions concernant le rôle du nouveau Conseil mais aussi d'un futur gouvernement civil et d'un organe législatif d'ici 24 heures, selon un communiqué de l'ALC.
L'Alliance a confirmé qu'aucun accord n'avait encore été trouve sur la composition du Conseil conjoint et que "les sit-ins et les marches continueront tant que les objectifs de la révolution n'ont pas été atteints".
- Réouverture de routes et chemins de fer -
Les milliers de manifestants qui campent depuis le 6 avril devant le QG de l'armée à Khartoum réclament le transfert du pouvoir aux civils.
L'annonce samedi d'un accord sur la constitution d'un futur Conseil conjoint a constitué une percée majeure, deux semaines après la destitution du président Omar el-Béchir après près de 30 ans au pouvoir.
Le Conseil militaire de transition, composé de 10 généraux, avait jusque-là refusé de céder le pouvoir, malgré des appels pressants au Soudan comme à l'étranger.
Au cours des discussions de lundi, les militaires et les chefs de la contestation se sont par ailleurs mis d'accord pour la réouverture de certaines routes, d'un chemin de fer ainsi que de deux ponts conduisant ou passant devant le QG de l'armée à Khartoum, selon le porte-parole du Conseil militaire.
A la question de savoir si cela voulait dire que l'armée comptait disperser le sit-in devant son siège par la force, il a affirmé: "Ce n'est ce que nous sommes en train de dire".
Le Soudan est secoué depuis décembre par un mouvement de contestation déclenché par le triplement du prix du pain, dans un pays largement touché par la misère. Le mouvement s'est ensuite mué en contestation contre Omar el-Béchir qui a finalement été destitué le 11 avril.
Il est depuis incarcéré. Outre l'instauration d'un pouvoir civil, les manifestants réclament le jugement de l'ancien président et des principaux responsables de son régime.
AFP
Le 30 avril 2019