Aujourd’hui, se tenait à Versailles le procès en appel intenté par l’industriel à Tristan Walleckx et Delphine Ernotte. Première étape d’une semaine judiciaire chargée.
Vincent Bolloré, on le sait, n’aime pas que les journalistes s’intéressent à ses affaires africaines. Pour les en dissuader, il a pris l’habitude de les traîner devant les tribunaux. A tel point que cette semaine se révèle particulièrement chargée pour l’homme d’affaires breton avec un procès chaque jour.
Aujourd’hui, d’abord, devant la Cour d’appel de Versailles, dans le cadre d’un procès intenté en première instance, à Tristan Walleckx (et Delphine Ernotte Cunci à la tête de France Télévisions) pour un portrait-enquête diffusé dans « Complément d’enquête » sur France 2 en 2016 et récompensé par le prix Albert Londres: « Vincent Bolloré, un ami qui vous veut du bien » . Puis, mercredi 13 février, devant la Cour d’appel de Paris, dans le cadre d’un procès contre Mediapart, Sherpa et React. Et jeudi 14 pour une audience devant le Tribunal de Grande Instance de Paris contre Benoît Collombat (France Inter) et Calmann-Lévy.
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Difficile de ne pas se perdre dans ces méandres juridiques… D’autant que la semaine dernière n’était pas non plus exempte d’activité pour les avocats de Vincent Bolloré. Ni pour ceux du groupe de télévision publique, puisque se tenait une autre audience en appel concernant le portrait réalisé par Tristan Walleckx : celle du Tribunal de Commerce. Il faut rappeler que le magnat qui a si peu apprécié cette enquête l’a attaquée, après sa diffusion, devant trois tribunaux différents : le TGI de Paris pour diffamation, le Tribunal de Commerce pour dénigrement et le Tribunal de Douala au Cameroun (via la Socapalm).
Débouté en juin de sa demande devant le tribunal de Commerce où il réclamait 50 millions à France Télévisions, le patron de Canal+, a donc tenté, une nouvelle fois, mardi dernier, de faire juger l’affaire devant ce tribunal qui n’est pourtant pas censé être compétent en la matière puisqu’il existe un droit spécifique de la presse, la loi de 1881. Le jugement a été mis en délibéré.
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Et aujourd’hui, c’est devant la Cour d’appel de Versailles, qu’il espère voir aboutir sa requête, rejetée en juin dernier, dans le cadre d’une procédure pénale en diffamation. L’audience qui s’est tenue le 3 avril dernier au TGI de Nanterre avait alors duré dix heures pendant lesquelles Tristan Walleckx avait dû justifier son enquête dans les moindres détails. A l’issue de ce marathon, le tribunal correctionnel avait estimé que le journaliste n’a en rien « porté atteinte à l’honneur ou la considération de Vincent Bolloré, de Bolloré SA et de Bolloré Africa Logistics ». Le journaliste de France Télévisions, ainsi que Delphine Ernotte, PDG du groupe, ont été relaxés sur l’intégralité des neuf extraits du portrait mis en cause par l’industriel breton.
Le parquet n’a pas souhaité faire appel de cette décision. Dès lors, ce deuxième procès voulu par Vincent Bolloré ne peut donc porter que sur les intérêts civils, chaque partie civile (Vincent
Bolloré, Bolloré SA et Bolloré Africa Logistics), réclamant 150 000 euros de dommages et intérêts pour le préjudice d’image.
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Au cours de cette nouvelle audience, les mêmes protagonistes se sont succédés à la barre. Les avocats, d’abord : Maîtres Jean Castelain et Juliette Félix du côté de France Télévisions et Olivier Baratelli du côté de Vincent Bolloré. La défense a de nouveau fait citer ses quatre témoins : Emmanuel Elong, président de l’association de riverains de la palmeraie (la Synaparcam), Matthieu Rénier, cameraman du reportage, Isabelle Alexandra Ricq, photoreporter qui s’est déjà rendue sur place et enfin, le journaliste de « Ouest France » Patrice Moyon, qui a accompagné l’équipe de « Complément d’enquête » le deuxième jour du tournage. Tous avaient déjà témoigné de la fidélité des conditions de vie filmées dans la palmeraie de la Socapalm lors de l’audience-fleuve à Nanterre.
« Nous sommes dans une situation particulière puisque sans appel du parquet, en matière de diffamation, le dossier est clos. Ce que souhaite Vincent Bolloré, c’est obtenir la nullité du jugement pour pouvoir rejuger l’affaire » explique Jean Castelain, avocat de Tristan Walleckx et Delphine Ernotte. Avant d’ajouter « Mais la vraie question reste : est-ce qu’on peut encore enquêter sur Vincent Bolloré ? »
Le jugement sera lui aussi mis en délibéré à l’issue de l’audience. Pour le moment, aucune date n’est prévue dans le cadre de la procédure camerounaise.
Par Hélène Riffaudeau,www.nouvelobs.com
Le 12 février 2019
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