Depuis l'accession au pouvoir d'Alpha Condé, en 2010, Sékouba Konaté, l'ancien président de la transition militaire en Guinée, s'était tenu à l'écart, d'Addis-Abeba à Paris. Dans l'entretien qu'il a accordé à Jeune Afrique, il revient sur ses récentes difficultés à renouveler son passeport, évoque ses rapports avec Moussa Dadis Camara et clarifie sa position face au débat sur la révision constitutionnelle en Guinée.
Depuis sa résidence d’Enghien-les-Bains, en région parisienne, où il a élu domicile depuis son départ du Maroc, en 2016, Sékouba Konaté suit de près les destinées du pays dont il avait cédé les rênes à Alpha Condé au lendemain de sa première élection, fin 2010. Ancien ministre de la Défense et numéro 2 du Conseil national pour la démocratie et le développement, la junte militaire alors dirigée par Moussa Dadis Camara, ce général de brigade avait endossé l’habit de président de la transition de janvier à décembre 2010, avant de céder le pouvoir à Alpha Condé.
Devenu haut-représentant pour l’opérationnalisation de la Force africaine en attente, il prend alors ses quartiers à Addis-Abeba jusqu’en 2014. Une fonction qui, selon son entourage, devait l’inciter à ne pas s’accrocher au pouvoir. Après avoir séjourné successivement aux États-Unis puis au Maroc – où il a été déclaré persona non grata en raison des « menaces » qu’il proférait contre les autorités de Conakry -, il s’est installé en France. Depuis, huit années, il n’a plus remis les pieds en Guinée.
Longtemps demeuré discret, l’ancien président de la République par intérim éprouvait, depuis plus de six mois, des difficultés pour renouveler son passeport. Au point qu’il a un temps choisi de
se tourner vers le président sénégalais Macky Sall pour intercéder auprès de son homologue guinéen, voire pour lui accorder la nationalité sénégalaise, ainsi
que Jeune Afrique l’a révélé. Après avoir « dû batailler »
et « impliquer le chef de l’État » guinéen, Alpha Condé, Sékouba Konaté confirme aujourd’hui à Jeune Afrique qu’il a finalement pu obtenir, le 7 mai, le précieux sésame.
En l’occurrence, un passeport ordinaire et un autre diplomatique, fabriqués en Guinée et qui lui ont été envoyés en France.
Par Diawo Barry - Jeune Afrique
Le 21 mai 2019