par Gugulakhe Lourie
JOHANNESBOURG (Reuters) - En Afrique où la plupart des gens ne peuvent accéder à un ordinateur, les opérateurs mobiles voient dans les réseaux haut débit et les appareils associés un vecteur de forte croissance et un moyen de transformer l'économie.
Si, sur les marchés émergents, la technologie mobile est de longue date considérée comme un service lucratif parmi d'autres, la faiblesse des infrastructures de l'internet en Afrique en fait ni plus ni moins qu'une porte d'entrée du haut débit.
Des géants du secteur comme le sud-africain MTN, l'indien Bharti Airtel ou le français Orange, mais aussi des opérateurs plus modestes comme le sud-africain Cell C, investissent de plus en plus pour conquérir ce nouveau marché.
"De nombreux consommateurs découvrent internet sur un support mobile, et cela constitue le prochain cap en termes de ventes sur les marchés africains", estimait l'année dernière Karel Pienaar, directeur exécutif chez MTN South Africa.
Selon Delta Partners, qui étudie les marchés émergents des télécoms, le chiffre d'affaires du secteur mobile en Afrique hors communications vocales devrait atteindre 10 milliards de dollars en 2014 contre cinq milliards aujourd'hui.
Les fréquences haut débit ne pèsent pas encore lourd dans les comptes de l'industrie des télécoms, mais leur part ne fait que progresser et dope déjà le chiffre d'affaires des opérateurs africains.
MTN, Vodacom - propriété de Vodafone - et le kényan Safaricom mettent tous en avant le poids des smartphones et de l'internet mobile dans leurs résultats.
MTN a récemment fait état d'une hausse de 46% du chiffre d'affaires des échanges de données, à 2,9 milliards de rands (294 millions d'euros) et son rival Vodacom a annoncé une hausse de 41% des revenus tirés de cette activité.
UN ENJEU DE CROISSANCE
Reste pour l'heure à voir émerger un leader dans cette course aux parts de marché.
"Nous nous attendons à ce que les grands opérateurs soient les premiers gagnants", observe Guy Zibi, directeur exécutif chez AfricaNext Investment Research, basé aux Etats-Unis.
Alors que des fabricants locaux tentent de s'installer, à l'image de la jeune pousse nigériane Anabel Mobile qui a lancé le premier smartphone entièrement conçu en Afrique et offre avec cet appareil des services similaires au BlackBerry de Research in Motion, l'irruption d'acteurs mineurs sur le marché des réseaux est peu probable, selon les spécialistes.
"Le succès de l'activité dans les réseaux mobiles dépend de l'échelle (...) Des facteurs comme les coûts et la nécessité d'une large couverture peuvent limiter le profit des plus petits acteurs", souligne-t-on chez Delta Partners.
Pour le continent lui-même, le plus pauvre du monde, la montée en régime des réseaux mobiles promet en revanche bien davantage qu'un accès facilité à internet.
"Si l'Afrique ne parvient pas à un niveau de pénétration acceptable de ces réseaux, non seulement nous perdrons la possibilité d'une croissance économique rapide, mais peut-être la croissance actuelle commencera-t-elle à ralentir", prévient Dobek Pater, analyste associé chez Africa Analysis.
Guineesud.com