Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Pendant que Laurent Gbagbo conduit la Côte d’Ivoire dans le gouffre, ses voisins s’activent pour prendre sa place sur
l’échiquier économique. La Guinée est très en pointe dans cette guerre de positionnement qui risque de couter cher à la locomotive de l’Afrique de l’ouest. Son président est allé, la semaine
dernière, faire la cour aux Maliens pour les convaincre à se tourner vers le port de Conakry. Alpha Condé a offert un pont d’or à son voisin enclavé dont les exportations sont plombées par la
crise ivoirienne. « Nous voulons que la Guinée aide le Mali à résoudre ses problèmes d'exportations. C'est pourquoi nous sommes décidés à renforcer le port de Conakry », a promis le locataire du
palais de Sékhoutoureya à celui de Koulouba. Dans son offensive de charme, la Guinée fait également les yeux doux au Burkina, pays enclavé qui dépend fortement du Port autonome d’Abidjan (PAA). «
Nous sommes également décidés à avoir un chemin de fer qui part de la Guinée, en passant par le Mali, avant d'arriver au Burkina Faso », s’est engagé le président Condé. Le 22 février, il a donné
le premier coup de pioche de la reconstruction du chemin de fer Conakry-Kankan en présence de l’ancien président brésilien Ignacio Da Silva Lula. Cette voie ferrée qui sera remise en état par une
société brésilienne, est complétée par la route entièrement bitumée Bamako-Kankan, longue de 300Km. On le voit, la Guinée veut détourner les clients du PAA placé sous embargo de l’Union
Européenne (UE) à cause du hold-up de Laurent Gbagbo. Cette perspective aiguise les appétits du groupe Bolloré cherche à contrôler le terminal à conteneurs du port de Conakry. « Nous prévoyons un
programme d’investissement de 150 millions de dollars pour développer un port sec à 15 km de Conakry pour faciliter le transport vers les pays voisins », a fait miroiter Vincent Bolloré au cours
de sont tête-à-tête avec Alpha Condé en février. Le magnat nigérian de l’industrie, Aliko Dangoté promet pour sa part d’investir 150 milliards FCFA dans divers projets. Les investisseurs se
bousculent en Guinée, « scandale géologique », tandis que la Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo les repousse à cause de la crise artificielle qu’il a créée depuis le 28 novembre.
Nomel Essis
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