Depuis que Barack Obama est entré à la Maison Blanche, c'est la première fois que les Etats-Unis opposent leur veto à une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies. Symbole gênant, il s'agissait d'une résolution condamnant la poursuite de la politique israélienne de colonisation dans les territoires palestiniens. Ce qui risque de miner la crédibilité américaine, alors que Washington s'efforce d'assumer le rôle de médiateur au Moyen-Orient. L'Autorité palestinienne a aussitôt fait savoir par la voix de Yasser Abed Rabbo, secrétaire général du Comité exécutif de l'OLP et un des principaux négociateurs palestiniens, qu'elle allait "réévaluer" l'ensemble du processus de négociations de paix après ce veto américain. Israël a remercié au contraire le président Obama et appelé les Palestiniens à reprendre immédiatement et sans conditions préalables les négociations directes.
Le projet de résolution, parrainé par quelque 130 pays et voté par les 14 autres membres figurant au Conseil de sécurité, réaffirmait que "les colonies israéliennes établies dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, y compris Jérusalem-Est, sont illégales et constituent un obstacle majeur à la réussite d'une paix juste, durable et globale". La France, le Royaume-Uni et l'Allemagne ont rappelé "le caractère illégal" de la colonisation et "la menace" qu'elle constituait pour une solution à deux Etats. Ils ont appelé les deux parties à revenir aux négociations directes et souligné que leur objectif restait de parvenir à un accord sur le statut final et que la Palestine devienne membre de l'ONU dès septembre 2011. Mais l'ambassadrice américaine à l'ONU, tout en admettant que la colonisation israélienne détruisait "la confiance entre les parties" et menaçait "les perspectives de paix", a jugé que la résolution, si elle avait été adoptée, aurait pu "encourager les parties à demeurer en dehors des négociations".
Les vains efforts américains
Le clash semblait inévitable plusieurs heures avant le vote. Les Etats-Unis ont tenté jusqu'à la dernière minute de convaincre les Palestiniens de ne pas procéder à un vote mais, à la place, d'adopter une déclaration de la présidence du Conseil de sécurité. Pourtant, le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas avait rejeté vendredi les appels américains à renoncer à la résolution, lors d'une conversation avec la secrétaire d'Etat Hillary Clinton, selon son porte-parole.
Depuis son dépôt à la mi-janvier au Conseil de sécurité à l'initiative du Groupe arabe à l'ONU, le projet de résolution a fait l'objet d'âpres tractations avec les Etats-Unis. Susan Rice avait proposé une déclaration non contraignante de la présidence critique à l'égard de la colonisation israélienne, assortie de la promesse de l'envoi sur place d'une mission du Conseil et d'une référence aux frontières de 1967 dans le prochain communiqué du Quartette sur le Proche-Orient (Etats-Unis, ONU, Russie, UE). Le président Obama avait proposé d'ajouter un paragraphe à la déclaration appelant Israël à un nouveau moratoire de la colonisation. Les Etats-Unis ont surtout tenté d'éviter un veto car celui-ci ne manquera pas de porter tort à leur image dans le monde arabo-musulman, à un moment où plusieurs de ces pays sont confrontés à des manifestations, après celles en Egypte et en Tunisie qui ont fait tomber les régimes en place, relèvent des diplomates. "Cela n'est pas fait pour améliorer leur image à un moment particulièrement sensible", a déclaré l'un d'eux sous couvert d'anonymat.
TF1.fr
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