Mexico (AFP) - Cible des attaques de Donald Trump, quelque 4.000 migrants d'une caravane en route vers les Etats-Unis ont fait halte lundi à Mexico, à la veille d'élections cruciales pour le président américain qui a placé l'immigration au coeur de sa campagne.

Installés sur des camions circulant sur l'autoroute qui relie l'Etat de Puebla (centre) à la capitale mexicaine, plusieurs milliers de migrants sont arrivés en ordre dispersé vers un stade aménagé par les autorités de Mexico pour les héberger.

Environ 470 migrants sont arrivés dès dimanche dans la mégapole et ont passé la nuit dans ce refuge où de vastes tentes ont été dressées et où ils reçoivent de la nourriture, de l'eau et des soins médicaux, a constaté l'AFP.

Lundi en fin de matinée, il y avait 2.000 migrants dans ce refuge, et ils étaient 4.000 dans l'après-midi, selon la Protection civile.

"On se sent émus (d'être à Mexico), d'avoir reçu autant de marques d'attention", a déclaré Teodoro Josué, un migrant hondurien de 21 ans. "Le climat nous a pas mal affectés, nous avons tous eu la grippe, mais peu importe, nous continuons la lutte", dit-il.

Le refuge aménagé dans un stade de la capitale a une capacité de 5.000 personnes. Des postes médicaux y ont été installés, où les migrants sont soignés notamment pour des problèmes respiratoires et des grippes liées aux basses températures.

"Je n'ai pas pu dormir à cause du froid", a confié Karla Membreno, une Hondurienne de 23 ans, malade, qui voyage avec son mari et sa belle-soeur.

Après la chaleur écrasante qu'ils ont subie pendant la première partie de leur trajet, les migrants sont à présent confrontés au vent glacial qui souffle sur Mexico, à plus de 2.000 mètres d'altitude.

Une grande partie du reste de la caravane a passé la nuit précédente à Puebla, à environ 120 km de Mexico, tandis que quelque 1.500 autres migrants, principalement des femmes et des enfants, ont quitté lundi la ville de Cordoba, plus à l'est, dans l'Etat du Veracruz, en direction de Mexico.

De nombreux migrants ont prévu de faire des démarches administratives auprès des autorités mexicaines pour obtenir un permis de transit afin de rejoindre la frontière des Etats-Unis.

Pour y parvenir, ils devront encore parcourir 2.800 km afin de rejoindre la ville frontalière de Tijuana, dans le nord-ouest du Mexique, ou environ 1.000 km pour gagner Reynosa, dans l'Etat du Tamaulipas, l'un des Etats les plus dangereux du pays, à la frontière du Texas, où 72 migrants avaient été exécutés par le cartel des Zetas en 2010.

Les migrants, majoritairement honduriens, avaient quitté le 13 octobre de leur pays pour le Guatemala, fuyant la violence et la pauvreté, puis avaient franchi illégalement la frontière du Guatemala avec le Mexique.

- Caravanes au Chiapas -

A Puebla, les migrants ont été logés dans quatre refuges mis à leur disposition par l'Eglise catholique. Ils y sont arrivés en camionnettes, camions, autobus de la police locale ou même en taxis.

Lundi, ils ont repris leur progression vers la capitale sur des camions à bord desquels ils montaient aux points de péage de l'autoroute conduisant à la capitale mexicaine.

Deux autres caravanes sont en route dans les Etats de Oaxaca et du Chiapas, dans le sud du Mexique. Chacune compte entre 1.500 et 2.000 personnes, selon la Commission nationale des droits de l'Homme (CNDH).

Selon le ministère mexicain de l'Intérieur, environ 3.230 Centraméricains ont déposé des demandes d'asile depuis l'entrée de la première caravane en territoire mexicain.

- 5.200 soldats à la frontière -

Ces cortèges de migrants qui veulent se rendre aux Etats-Unis ont déclenché les foudres du président Donald Trump, qui a beaucoup axé sa campagne sur l'immigration illégale avant les élections législatives de mi-mandat qui se tiennent mardi.

Dénonçant depuis plusieurs jours une "invasion", M. Trump a annoncé la semaine dernière l'envoi de militaires à la frontière pour empêcher leur entrée, indiquant que leur chiffre pourrait aller jusqu'à 15.000.

Quelque 5.200 soldats américains devraient être déployés d'ici lundi soir dans les Etats américains frontaliers du Mexique, a déclaré à la presse un porte-parole du ministère américain de la Défense, le colonel Bob Manning.

Ils rejoindront 2.100 réservistes de la Garde nationale présents depuis plusieurs mois dans cette zone.

A la veille des élections, les Etats-Unis auront donc comme annoncé prépositionné quelque 7.000 militaires à la frontière pour cette opération baptisée "Patriote fidèle" destinée à bloquer les migrants centraméricains venant y demander l'asile.


Yussel GONZALEZ, AFP
Le 6 novembre 2018

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