Nafissatou Diallo a son ami Black Diallo - « Un inconnu a tenté de me violer à l’hôtel »

Bleck Diallo, c’est votre surnom. Vous êtes Sénégalais. Parlez-nous de vous avant de parler du cas de Nafissatou Diallo.

Je suis Bleck Diallo et je suis d’origine sénégalaise. Je suis né à Thiès, j’ai grandi à  Tivaouane, et Ziguinchor. Mon père y a travaillé en qualité de magistrat et il a été en même temps président du Casa Sport. Ma famille réside au Sénégal, à Dakar et le reste est entre Dakar Thiès et Tivaouane.

Parlez- nous de vos relations avec cette femme que vous appelez Nancy, à qui on donne un autre nom dans son lieu de travail et qui s’appelle exactement Nafissatou Diallo. Vous confirmez ? De quelle nationalité est-elle ? Ghanéenne ? Guinéenne ? Sénégalaise ? Certains de ses collègues pensent qu’elle est Sénégalaise.

Je peux confirmer ici, sur votre chaine, qu’elle s’appelle Nafissatou Diallo. Elle est  d’origine guinéenne, elle est âgée de 32 ans et a une fille adolescente. Elle n’est pas sénégalaise comme beaucoup le croient au Sénégal où il y a eu des débats à propos de sa nationalité. Je confirme ici qu’elle s’appelle Nafissatou Diallo. Elle vit à New York et travaille dans cet hôtel depuis trois ans.

A-t-elle des liens avec le Sénégal ? Elle ou sa famille. Pourquoi a-t-on parlé du Sénégal ?

Au cours d’une conversation, je lui dis mon intention d’aller passer mes vacances au Sénégal. Elle a répondu que sa mère à ce moment là, était au Sénégal. Elle me dit qu’elle me donnerait quelque chose pour elle et que par la même occasion j’irai la saluer de sa part. Donc, sa mère, actuellement, présentement est à Dakar.

Comment avez-vous été informé de l’incident ?

Comme tous les matins, vers 11 heures, avant d’aller travailler, je l’appelle pour avoir de ses nouvelles.  Ce jour-là, je l’ai appelée comme d’habitude, mais elle n’a pas répondu à mes appels. J’étais un peu inquiet. L’après midi, vers deux heures et quelques, elle m’a appelé en me disant : « je suis au centre d’un problème. Il y a un homme qui a tenté de me violer dans la chambre de l’hôtel ou je travaille ». Je lui réponds : «Comment cela peut arriver  Nancy ?». Elle me dit  que le monsieur s’est précipité sur elle. Là, elle a commencé à pleurer. Je l’ai aidée à se reprendre en lui demandant d’arrêter de pleurer et lui ai demandé de me parler parce que ce qu’elle disait était assez sérieux. Je lui ai alors demandé si elle connaissait la personne. Sa réponse a été « non, je ne la connais pas. Elle était dans la chambre que je devais nettoyer »

Où était Nafissatou, quand vous aviez eu cette conversation ?

Elle était entre les mains du New York Police Department et le médecin du Saint Luc Hospital.

Qu’avez-vous fait après cette conversation ?

Elle m’avait aussi dit que l’information était diffusée dans tous les News de New York. A la question de savoir quelle chaine de télévision elle était entrain de regarder, elle m’a indiqué que c’était New York One. J’étais dans mon restaurant. J’ai zappé sur cette chaine et j’ai vu que l’homme était d’origine française et s’appelait Dominique Strauss Kahn. Je connaissais cet homme par son nom, parce que je suis les informations politiques internationales. Je l’ai rappelée aussitôt en lui demandant : « Nancy, est-ce que tu connais l’homme à qui tu as à faire ». Elle me dit « non, je ne le connais pas, je ne l’ai jamais vu ». Je lui dis alors : « Ecoute, d’abord, cet homme là, c’est le Président du Fmi. Deuxièmement, CNN dit que ce monsieur a des chances d’être le Président de la France un jour. Donc, c’est une très grande personnalité. Est-ce que tu le connais ? Elle me répète encore : « Non, je ne l’ai jamais vu ».

Quand est-ce que vous l’avez rencontrée ?

Lors de ma première rencontre avec elle, après nos conversations téléphoniques, j’étais avec l’avocat Jef Shapiro. J’ai informé Jef. Il est passé me prendre à mon restaurant et nous sommes partis à la rencontre de Nafissatou. Mais avant tout cela, quand j’ai appelé chez elle et qu’il n’y avait pas de réponse, Jef et moi sommes partis chez elle. Toute la presse était déjà là-bas.  C’est après qu’elle m’a rappelé pour me dire qu’elle était dans les locaux de la police. Et s’est mise à pleurer. C’est à ce moment que je lui dis que je venais la retrouver à la police avec Jef. Au cours du trajet pour la rejoindre à la police elle a appelé pour m’informer qu’on l’avait amenée dans un hôtel à New York sur Lafayette Avenue à Lower Manhattan, au 138, Holiday Inn. Je m’y suis rendu avec Jef. Et c’est là que j’ai eu le premier contact avec elle.

Comment était-elle émotionnellement ? Est-ce que physiquement, elle avait des égratignures ou des preuves qu’elle avait été victime d’une agression ?

Elle avait son foulard et était vêtue d’une chemise. Elle m’a montré son bras et j’ai vu les bleus. Je lui dis que cette affaire était sérieuse et je l’ai présentée à l’avocat. Elle s’est remise à pleurer et je lui ai demandé de se calmer en lui disant qu’elle avait un avocat qui n’était pas n’importe qui. C’est l’un des plus grands avocats de New York et des Etats-Unis. Qu’il est avec elle et il est venu pour l’aider.

Elle était mariée et maintenant divorcée. Elle a une fille. Est-ce qu’elle a pu entrer en contact avec sa mère depuis l’agression ?

En ce qui concerne son statut je ne peux rien dire. Je sais qu’elle habite avec sa fille. Avec Jef avait proposé que je l’accompagne pour aller chercher la petite. Je ne pouvais pas y aller parce que la presse mondiale était dans mon restaurant. Les journalistes voulaient ma photo, des interviews et je ne voulais pas parler.  C’est Jef qui est allée chercher la petite et l’a emmenée rencontrer sa mère.  A leur arrivée, Nancy m’a appelé en me disant qu’elle était un peu soulagée, parce qu’elle avait vu sa fille.

Il y a beaucoup de spéculations sur l’incident même. Qu’est-ce qu’elle vous en a dit ?

De l’agression, elle m’a dit qu’on lui avait donné un ordre d’aller faire la chambre de ce monsieur-là. Elles ont des clés automatiques [des passes NDLR]. Elle devait refaire le lit et le ménage de la chambre. Le monsieur est sorti de la douche, nu. Il s’est mis derrière elle et l’a retenue par le soutien-gorge. Elle s’est débattue en lui criant et elle est arrivée à lui échapper. Il a essayé de la rattraper en tirant sa main. Elle s’est enfuie et c’est dans le sa fuite, dans le couloir de l’hôtel qu’elle a rencontré une de ses collègues. Et c’est cette dernière qui a appelé la police.

Donc, dans l’absolu, il n’y a pas eu de rapport sexuel ?

Nancy ne me l’a pas confirmé. Et moi, pour la respecter, je ne lui ai pas demandé

Depuis cette affaire, est-ce que la direction de l’hôtel l’a soutenue ?

Ils lui ont été d’un très grand soutien. Le directeur de l’hôtel et son chef de service l’ont qualifiée de travailleuse consciencieuse.

 

Sudonline


Écrire commentaire

Commentaires: 0