Sékou Touré, 27 ans après

Un vieux dicton sous l’arbre à palabre assurait autrefois, que les grands hommes
ne meurent pas mais disparaissent. Car force est de reconnaitre que l’Afrique,
depuis ses premières heures d’indépendance jusqu'à l’hégémonie d’une seule
puissance, en passant par le prélude de la démocratie issue de la fin de la
guerre froide et ce vent de la  revolution qui souffle en Afrique du Nord et
dans le monde arabe, jusqu’a nos jours, a eu toujours des hommes qui ont
consacré leur vie pour le bien être et le progrès de leurs pays. Les chemins
étant périlleux et plein d’embuches, il n’en demeure pas moins vrai que l’on
peut mourir sans pour autant atteindre cet idéal. Ahmed Sékou Touré fait partie
de ces grandes figures.

 
Il y a 27 ans jour pour jour -26 mars 1984, 26 mars 2011- le Tout Puissant «
Allah » rappela a`lui l’illustre timonier de l’indépendance guinéenne qui s’est
battu aux cotés de Léopold Sedar Senghor, Modibo Keita, Félix Houphouët Boigny
et tant d’autres pour la création du groupement africain : le Rassemblement
Démocratique Africain (R.D.A.).
 
 En ce jour mémorable donc, l’un des plus illustres, il est nécessaire sinon
primordial de présenter ce digne fils de la Guinée à la nouvelle génération qui
, par haine ou par égoïsme de certains cadres pervers et malhonnêtes qui avaient
les rênes du pouvoir de 1984 à 2008, a été diabolisé et traité de tous les maux.
Mais quoi qu’on fasse ou qu’on dise, on ne pourra jamais travestir l’histoire
encore moins la réécrire, car elle est un ensemble de faits têtus dont la
falsification relève de manque de probité morale et intellectuelle, d’imposture
ou de simple ignorance.
 
Loin d’une prétention de se substituer aux historiens, la seule intention ici
est de rafraichir la mémoire des amnésiques et d’informer la nouvelle génération
sur le parcours exceptionnel d’un homme exceptionnel qui consacra sa vie au
service de sa patrie. Pour le faire, limitons-nous à son combat pour notre
indépendance et les grands moments de son règne.

 
Le premier président de la république de Guinée, le responsable suprême de la
révolution, le camarade Ahmed Sékou Touré est né le 9 janvier 1922 à Faranah
dans un milieu de Sarakolés. Ce descendant d’Almamy Samory Touré commence son
éducation d’abord à l’école coranique et l’école rurale primaire de Faranah,
ensuite l’école régionale de Kissidougou et enfin celle de Conakry où il
obtiendra le certificat d’études primaires. Plus tard, pour ses positions
anticolonialistes il sera exclu de l’école professionnelle Georges Poiret.
 
Obligé de se lancer très tôt dans les contingences de la vie, le jeune Sékou
Touré effectuera des petits boulots et plus tard il complètera sa formation
professionnelle par correspondance afin de devenir comptable.
 
Une fois le diplôme acquis, il devient employé des PTT où il sera l’un des
fondateurs du syndicat des travailleurs des PTT en 1945 avant de devenir le
Secrétaire général.
 
En 1952, il prend la tête du Parti Démocratique de Guinée, section locale du
Rassemblement Démocratique Africain (RDA), et fait céder l’administration
coloniale sur l’application totale du code de travail en Guinée.
 
En 1954, Ahmed Sékou Touré devient Conseiller Général de Guinée et Président de
la Confédération générale des travailleurs d’Afrique noire, il est élu en
janvier 1956 député à l’Assemblée nationale.
 
C’est à partir de là que son ascension va commencer. Dès novembre 1957, il
devient le Vice-président du Conseil du gouvernement de Guinée et en juillet
1958 il en devient le Président.
 
Quand il fît voter « non » au referendum du 27 septembre 1958 portant sur la
constitution de la 5e république et une adhésion à la Communauté française,
Sékou Touré était non seulement maire de Conakry, mais député et Vice-président
du Conseil depuis 1957.

 
La Guinée sera indépendante le 2 octobre 1958 et Sékou Touré devient le premier
Président de la République avec Saifoulaye Diallo comme président de l’Assemblée
Nationale, c’était le 15 janvier 1959.
 
Dès son accession à la présidence, Sékou Touré fera face au sabotage de la
France qui imposa son véto à l’adhésion de la Guinée aux Nations Unies avant de
la reconnaitre plus tard.
 
Face aux représailles de l’ancien maître qui a fermé toutes les portes de
l’occident, le jeune Etat se retournera vers les pays soviétiques et le Ghana de
Nkrumah.
 
Celui qui a dit après l’accession de la Guinée à l’indépendance que la Guinée ne
sera jamais libre tant qu’une  parcelle de l’Afrique sera sous domination
coloniale, créera en 1960 l’Union des Etats d’Afrique de l’ouest avec Modibo
Keita et Nkuwme N’Nkrumah.
 
Les premiers efforts de ce grand Panafricanistes seront focalisés sur la lutte
contre l’occupation coloniale des territoires africains. C’est pourquoi, Ahmed
Sékou Touré soutiendra le PAIGC, accueillera l’ANC avec un séjour de Nelson
Mandela en Guinée dans les années 60, offrira des passeports guinéens aux
enfants de Patrice Lumumba, aux Sud Africains, engagera l’armée guinéenne dans
la lutte pour l’indépendance de certains pays africains tels que l’Algérie,
l’Angola, la Namibie, le Mozambique, etc. Il fut également le refuge des
combattants de la liberté en Afrique. Tels que Bakary Guibo du Niger, la Sud
Africaine, Miriam Makeda, le coprésident de la République de Guinée le Ghanéen
Nkrumah, le président du PAIGC, le Bissau-guinéen Amical Cabral…et l’ancien
ministre guinéen le Béninois Béhanzin.
 
Après la période de lutte des indépendances, Sékou Touré aura une grande
réputation internationale et sera une référence dans le nationalisme. Mais petit
à petit se développait une résistance à l’intérieur du pays marquée par de
nombreux complots, souvent soutenus par les pays occidentaux.

 
Ainsi, trois moments forts retiendront l’attention : l’agression portugaise de
1970, la création en 1971 d’un tribunal populaire afin de juger les acteurs de
cette tentative de renversement du régime où s’ensuivra une vague d’arrestations
et exécutions pour complot, la situation particulière du Fouta en 1976 et
l’assouplissement du régime en 1977 suite à la visite de Valérie Giscard
d’Estaing. C’est d’ailleurs cette visite qui permit la normalisation des
relations entre la France et la Guinée qui s’est concrétisée par la visite de
Sékou Touré en France en 1982.
 
Le Président ayant constaté les limites du collectivisme dans l’économie, décide
de virer vers les occidentaux, visite les Etats-Unis. C’est en pleine campagne
d’ouverture politique et de libéralisation de l’économie guinéenne que le
Président Ahmed Sékou Touré, rend l’âme le 26 mars 1984 dans sa salle
d’opération à Cleveland alors qu’il préparait la conférence de l’OUA à Conakry
la même année.

 
Au lendemain de sa disparition et l’avènement des militaires au pouvoir, le 3
avril 1984, certains journalistes ni loi ni foi et intellectuels pervers ont
mené une campagne de désinformation et de dénigrement contre la personne du feu
président en prétendant qu’il aurait des châteaux par-ci, des appartements par
là, et des milliards de dollars dans les banques étrangères , aujourd’hui ces
colporteurs de mensonges sont à leurs propres frais. Puisqu’il a été démontré
que le seul héritage que le présidente Ahmed Sékou Touré a laissé c’est la
Guinée paisible et indépendante.
 
Car le combat de l’homme du 28 septembre n’a pas consisté à s’enrichir mais de
libérer notre pays du joug colonial, de sauvegarder l’intérêt supérieur de la
nation en protégeant nos ressources minières pour les futures générations et de
faire rayonner sur le plan national et international les nobles idéaux et
aspirations.

 
 
Ces journalistes alimentaires de la place ne criaient-ils pas  sur toutes les
ondes qu’il aurait des millions en banque par-ci et des châteaux par-là.
Aujourd’hui, où sont ces millions et ces Châteaux ?

 
Voici le seul président de notre époque qui n’avait pas de compte bancaire et
qui n’avait pas de villa à l’extérieur de la Guinée. Il a offert à la Guinée
tous ses biens valeureux.

 
En guise d’illustration on peut citer, entre autres, l’actuelle chancellerie de
la Guinée à Rabat , les cases de Belle vue acquises depuis 1957, avant l
indépendance qui restent   au service du peuple depuis plus de 50 ans. Ses
droits d auteurs qu il versait  à la banque centrale, les 10 millions de dollars
offerts par le roi d’Arabie Saoudite qu il a  versé au trésor pour les besoins
du peuple, les millions de dollars qui ont été versés dans les caisses de l’Etat
que l’ancien président irakien Sadam Hussein lui a offerts lors de ses
tentatives de reconcilliation entre l’Irak et l’Iran dans les années 70, les
bourses d études qui étaient octroyées  chaque années pour la formation des
jeunes , les vacances gratuites au pays une fois par an offertes  à tous ces
boursiers  dont le transport se faisait par la compagnie nationale air Guinée,
etc.

 
Quoi de plus normal que de rappeler  ces souvenirs a chaque fois que l occasion
est offerte, car certains d’entre nous ont souvent la mémoire courte.

Les ressources minières qui ont été dilapidees de1984 à 2008, n’étaient-elles
pas la chasse gardée du président défunt pendant 26 ans pour les générations
futures?
 
Sékou Touré n’est pas mort parce que 26 ans après sa disparition, la Guinée se
retrouve à la case de départ. Les deniers publics dilapidés, les ressources
minières bradées, les services sociaux de base inexistants, les usines en panne,
le train ne circule plus, les avions ne volent plus, bref, la Guinée continue de
s’enfoncer au sous-sol de la misère. Ce n’est qu’après la mort du Général
Lansana Conté et l’avènement du CNDD au pouvoir qu’il y a eu un semblant
d’espoir à l’horizon. Mais le vrai espoir, c’est en 2010 quand le Géenéeral
Séekouba Konatée permettra aux civils de revenir au pouvoir depuis la
disparition de Sékou Touré.

 
Qui n’a pas entendu le 21 décembre 2010 pendant l’investiture du prof Alpha
Conde dire ceci : « je reprendrai la Guinée ou le président Ahmed Sékou Touré a
laissé » ? Une phrase pleine de signification pour celui qui a connu l’homme et
son oeuvre.
 
Bangaly Condé « Malbanga »


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