Charles Blé Goudé, chef des "patriotes" pro-Gbagbo, le 3 septembre 2007 à Abidjan © AFP/Archives Kambou Sia |
ABIDJAN - Des mandats d'arrêt internationaux ont été délivrés par la justice ivoirienne contre Charles Blé Goudé, figure de proue du régime déchu de Laurent Gbagbo, et d'autres proches de l'ex-président, dans le cadre de l'enquête sur les crimes commis durant la crise post-électorale.
"Des mandats d'arrêt ont été décernés contre des suspects en fuite", notamment Charles Blé Goudé, chef des "jeunes patriotes" pro-Gbagbo, et Ahoua Don Mello, ancien porte-parole du gouvernement, a annoncé vendredi le procureur d'Abidjan, Simplice Kouadio Koffi, lors d'une conférence de presse.
L'ex-ministre de l'Industrie Philippe Attey et l'ancien ambassadeur de Côte d'Ivoire en Israël, Raymond Koudou Kessié, sont également visés.
"Le juge d'instruction sait très bien où ces personnes se trouvent", a assuré le procureur, sans autre précision.
Sous sanctions de l'ONU depuis 2006 (gel des avoirs, interdiction de voyager), Charles Blé Goudé est régulièrement donné au Bénin ou au Ghana, lieu d'exil de nombreuses personnalités du régime déchu.
Ex-ministre de la Jeunesse de M. Gbagbo, il a été en première ligne durant la crise post-électorale de novembre à avril, appelant les siens à la mobilisation contre le camp d'Alassane Ouattara, investi président le 21 mai, la France et l'ONU. Ses partisans sont accusés de nombreuses violences.
Les mandats d'arrêt sont délivrés dans le cadre de l'information judiciaire ouverte pour "vol aggravé, détournement de deniers publics, pillage, concussion et atteinte à l'économie publique".
Quinze personnes ont déjà été inculpées et placées en détention préventive la semaine dernière pour ces faits, ainsi que pour "attentat contre l'autorité de l'Etat, constitution de bandes armées", "rébellion", "tribalisme et xénophobie", a rappelé Simplice Kouadio Koffi.
Ces derniers jours, six autres personnes ont été inculpées et écrouées pour les chefs d'accusation relevant de l'"atteinte à la sûreté de l'Etat", a-t-il souligné.
Parmi ces 21 personnes figurent l'ex-Premier ministre Gilbert Aké N'Gbo et les anciens ministres Alcide Djédjé (Affaires étrangères) et Désiré Dallo (Economie), ainsi que l'ex-gouverneur de la Banque centrale ouest-africaine (BCEAO), Philippe-Henri Dacoury-Tabley.
Tous sont actuellement détenus à l'hôtel La Pergola d'Abidjan.
Laurent Gbagbo a été arrêté le 11 avril après plus de quatre mois de crise née de son refus de reconnaître sa défaite à la présidentielle du 28 novembre 2010, et à l'issue de dix jours de guerre dans Abidjan.
Il est actuellement en résidence surveillée dans le Nord, comme son épouse Simone Gbagbo et 13 autres proches.
Quelque 3.000 personnes ont trouvé la mort durant la pire crise de l'histoire du pays.
Concernant les "crimes de sang", l'enquête se poursuit et devrait être bouclée dans un "délai raisonnable de deux ou trois mois", a précisé le procureur.
Interrogé sur l'absence de poursuites contre des éléments des Forces républicaines (FRCI) de M. Ouattara, pourtant accusées d'exactions par des ONG et l'ONU, il a fait valoir que cette armée a "mis fin aux violences" des forces pro-Gbagbo.
Toutefois, "si au cours de l'enquête il s'avère que ceux qui sont les sauveurs ont outrepassé leur droit et qu'ils ont commis des crimes, (...) on pourrait s'intéresser à eux", a averti M. Koffi.
Une mission de la Cour pénale internationale (CPI) est en cours dans le pays pour évaluer notamment la situation sécuritaire, avant une éventuelle enquête pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre, dont sont accusés les deux camps.
AFP
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