L’histoire de la vie d’Avi Be’eri aurait pu facilement devenir un feuilleton à succès. Cela a commencé avec la mort de ses parents en Guinée, puis c’est poursuivi avec sa vente en tant qu’esclave et aujourd’hui, son insertion dans l’armée israélienne où il est fier de défendre l’état qui l’a sauvé.
Ce jeune homme de 21 ans, dont le vrai nom est Ibrahim, est né dans la ville de Labé en Guinée. A l’âge d’un an, son père meurt d’un cancer et sa mère décide d’emménager avec son oncle. Sa mère a toujours souligné l’importance de l’éducation et a même économisé de l’argent pour l’envoyer à l’école. Mais alors qu’il n’avait que 13 ans elle est morte et il s’est retrouvé seul au monde.
La vie dans la maison de son oncle était dure et il s’enfuit pour aller travailler sur le marché local, pour aider les commerçants en échange d’un endroit pour dormir la nuit. Un jour, il a senti sa chance arriver. L’un des marchands lui a dit qu’en Israël, il était possible de gagner 3000 $ par mois. Le commerçant a offert de payer son billet d’avion en échange d’un pourcentage du salaire mensuel d’Ibrahim.
« Je ne savais rien à propos d’Israël », explique-t-il dans un hébreu parfait. « J’étais un enfant innocent et je pensais qu’il voulait vraiment m’aider. »
Avi est arrivé au Caire avec juste un petit sac à dos. Le contact local l’attendait. « Nous étions 8 africains. Le chauffeur nous a caché sous une grande couverture et le camion est reparti. Nous avons ainsi traversé tout le désert du Sinaï. Pendant le voyage, j’entendais la voix de ma mère qui me disait « ils t’ont vendu comme esclave ». Le voyage en Israël a été un enfer permanent. J’ai eu très peur quand les bédouins pointaient leurs armes sur nous pour nous surveiller pendant la nuit. Puis, nous sommes arrivés à Eilat. Et de là, à Tel-Aviv. »
A la station centrale des bus de Tel-Aviv, il est laissé tout seul. « J’avais 15 ans, j’étais le seul noir parmi les blancs », dit-il. « J’ai remarqué au loin un autre noir et je lui ai demandé où les migrants dormaient. » Ibrahim a commencé à travailler comme plongeur dans un restaurant puis, il a envoyé une lettre à l’ONU dont le siège des migrants est basé à Jérusalem, pour demander le statut de réfugié.
Leur réponse a été qu’il n’était pas admissible au statut de réfugié parce qu’il n’y avait « pas de guerre en Guinée ». Il a ensuite été envoyé à la Tel-Aviv Shanti House – une maison pour les enfants à risque. « J’ai dû m’échapper pour gagner de l’argent », se souvient-il. « Je savais que si j’étais renvoyé en Guinée sans argent, celui qui m’a acheté le billet me découperais comme une pièce de boucherie. »
Peu de temps après son arrivée, Ibrahim a été arrêté par la police de l’immigration. Il a été transféré dans un centre de détention en tant que candidat malheureux à l’expulsion. C’est à ce moment-là qu’un couple de sauveteurs israéliens est apparu, Susana et Azion Oshri de la petite ville de Massad. Ils l’ont accueilli dans leur maison. En vertu de leur parrainage, Ibrahim est retourné à l’école et a fait appel au Ministre de l’Intérieur pour changer son statut. Le ministre a décidé de lui accorder la nationalité israélienne.
Quand il a reçu sa carte d’identité, il a changé son nom en Avi. Après avoir terminé ses études et obtenu son bac, Avi a été enrôlé dans l’armée israélienne.
Cet après-midi, Avi terminera le cours d’officier et sera promu Lieutenant de l’armée israélienne. « Qui aurait cru que moi, arrivé dans ce pays sans rien, assis dans une prison et tout près de l’expulsion, allait devenir un officier de Tsahal et allait aider les Israéliens et les nouveaux immigrants israéliens à s’intégrer dans l’armée ? », dit-il fièrement.
Avi a déjà de grands projets pour son avenir. « Je sens que toutes les portes me sont ouvertes. Aujourd’hui, Israël m’a adopté et moi, je me sens comme un juif. Mon prochain défi est de me marier et de fonder une famille. Je veux aller à l’université et étudier les relations internationales… Puis travailler au Ministère des Affaires Étrangères et promouvoir les relations bilatérales entre mes deux pays. Mon rêve est de contribuer autant que je peux pour Israël. Il n’y a pas assez de mots pour exprimer mes remerciements. »
Publié dans le Yediot Aharonot – Adaptation française JSSNews
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