Le dirigeant libyen, visé par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale pour crimes contre l'humanité, a proféré la menace par le biais d'un message audio diffusé à des milliers de partisans rassemblés sur la place Verte à Tripoli.
Il s'agissait de l'une des manifestations pro-gouvernementales les plus importantes des derniers mois, preuve que Kadhafi bénéficie encore d'un soutien solide. Une bande de tissu vert longue de plusieurs mètres et tenue par la foule traversait la place principale de la capitale. Le vert est la couleur nationale de la Libye.
Une série de puissantes explosions ont plus tard secoué le coeur de Tripoli, apparemment causées par les avions de l'OTAN, alors que les fidèles du colonel Kadhafi criaient, klaxonnaient et tiraient en l'air dans la rue. Un nuage de fumée noire s'élevait au-dessus de la zone où se trouve le complexe résidentiel Bab al-Aziziya du dirigeant libyen.
Vendredi, Mouammar Kadhafi a pris la parole depuis un lieu indéterminé, apparemment pour des raisons de sécurité. S'adressant à l'Occident, il a averti que les Libyens pourraient se venger pour les bombardements de l'OTAN.
«Ces gens (les Libyens) sont capables de porter un jour cette bataille en Europe, de prendre pour cible vos foyers, vos bureaux, vos familles, qui deviendraient des objectifs militaires légitimes, comme vous avez pris pour cible nos foyers», a-t-il déclaré.
«Nous pouvons décider de vous menacer d'une façon similaire», a-t-il ajouté à l'intention des Européens. «Si nous le décidons, nous sommes capables d'aller en Europe comme des grillons, comme des abeilles. Nous vous conseillons de vous retirer avant de subir un désastre.»
Par le passé, le leader libyen a soutenu divers groupes militants, dont l'IRA et plusieurs factions palestiniennes. Les agents du régime ont aussi été accusés d'avoir commis de nombreuses attaques, dont un attentat à la bombe dans une discothèque de Berlin en 1986 et un autre dans un avion de la compagnie aérienne Pan Am qui avait explosé en 1988 au-dessus de Lockerbie, en Écosse, tuant 270 personnes, en majorité des Américains. La Libye avait plus tard reconnu sa responsabilité dans le deuxième cas.
Durant les dernières années, Mouammar Kadhafi a toutefois coupé les ponts avec les groupes extrémistes afin de se réconcilier avec l'Europe et les États-Unis. Al-Qaida et d'autres organisations du djihad sont en guerre avec lui depuis qu'il s'en est pris à la fin des années 1990 au Groupe islamique combattant libyen parce que celui-ci tentait de remplacer son régime par un État islamique.
Menaces prises au sérieux
Le porte-parole du département d'État américain, Mark Toner, a affirmé vendredi que les États-Unis prenaient les menaces de Kadhafi au sérieux puisqu'il avait déjà mis à exécution de telles promesses auparavant. Il a toutefois admis ne pas savoir s'il existait des renseignements indiquant que le régime libyen était en mesure de lancer ces attaques.
«Il est évident que cet individu est capable de mettre à exécution ce genre de menaces et c'est cela qui le rend si dangereux, mais c'est aussi quelqu'un qui a tendance à faire dans l'exagération», a déclaré M. Toner lors d'une conférence de presse à Washington.
Le rassemblement de vendredi survient quatre jours après que la Cour pénale internationale eut émis des mandats d'arrêt contre Mouammar Kadhafi, son fils Seif al-Islam et le chef du service de renseignements libyen, Abdallah al-Sanoussi, pour crimes contre l'humanité.
Les procureurs internationaux soutiennent que les troupes du gouvernement libyen ont ouvert le feu sur des civils durant des manifestations contre le régime plus tôt cette année. Le soulèvement populaire a depuis viré en guerre, les rebelles contrôlant la majeure partie de l'est de la Libye et certaines régions montagneuses situées à l'ouest du pays.
L'OTAN bombarde des cibles liées au régime de Mouammar Kadhafi depuis le mois de mars.
Cyberpresse
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