La première session de la grande Commission mixte de coopération entre le Burkina Faso et la
République de Guinée s’est tenue du 16 au 18 mars 2011 à Conakry. Pendant trois jours, les deux parties ont passé en revue les différents domaines de coopération et ont procédé à la signature
d’accords de coopération.La cérémonie d’ouverture a été co-présidée par le Ministre du Plan de la
République de Guinée, M. Souleymane Cissé et l’Ambassadeur du Burkina Faso en Guinée avec résidence a Bamako, SEM. Sanné Mohammed Topan, représentant le Ministre d’Etat, Ministre des Affaires
Etrangères et de la Coopération Régionale, SEM. Bédouma Alain Yoda.
Dans les discours prononcés à cette occasion, les deux personnalités se sont félicitées des excellents liens qui unissent les peuples guinéen et burkinabè ainsi que de la qualité des relations
particulières qu’entretiennent les deux chefs d’Etat. Le Ministre guinéen du Plan a rendu hommage au Président du Faso, SEM Blaise Compaoré, pour le rôle qu’il a joué en tant que médiateur, pour
le retour de la paix en Guinée.
Au cours des travaux, les experts ont identifié les pistes de coopération entre les deux pays qui s’articulent autour des domaines suivants :
- La coopération économique et commerciale ;
- La coopération scientifique, technique, culturelle et sociale ;
- La coopération administrative, la défense et la sécurité ;
- La coopération judiciaire et promotion des droits humains ;
- Les affaires étrangères et la gestion des ressortissants à l’étranger.
En ce qui concerne la coopération économique et commerciale, les deux parties ont convenu d’intensifier les échanges commerciaux entre les deux pays. Pour ce faire, le secteur des
transports et des infrastructures apparaît comme un secteur prioritaire. Le Port Autonome de Cotonou (PAC) présente des avantages certains pour le Burkina Faso et les autorités guinéennes
ont manifesté leur intérêt dans la réalisation du chemin de fer Kankan-Bobo-Dioulasso pour relier la Guinée et le Burkina Faso en passant par le Mali. Les deux parties ont en outre,
inventorié les potentialités de coopération dans les domaines de l’économie et des finances et souligné la nécessité de bâtir une base juridique spécifique telle que stipulée dans l’Accord cadre
de coopération signé le 24 janvier 2011 à Ouagadougou, entre le gouvernement du Burkina Faso et celui de la Guinée.
Dans les secteurs de l’agriculture, de l’hydraulique, de l’élevage, de l’environnement, des mines et énergie, des postes et télécommunications, de l’urbanisme et de l’habitat, la partie guinéenne
et la partie burkinabè ont marqué leur accord pour un partage d’expériences.
L’examen du domaine de la coopération scientifique, technique, culturelle et sociale a permis d’identifier plusieurs axes de coopération, qui sont entre autres, l’enseignement supérieur et la
recherche scientifique, l’enseignement technique et la formation professionnelle, l’éducation et l’alphabétisation, la jeunesse, les arts et culture, la santé et l’action sociale. Dans le domaine
de la coopération administrative, de la défense et de la sécurité, les deux parties ont convenu de la création d’espaces de concertation entre les cadres et élus locaux des deux pays. Par
ailleurs, la partie guinéenne a sollicité la formation de Guinéens dans les écoles et centres de formation militaires du Burkina Faso. Elle a aussi sollicité l’exploration par les deux Armées de
la possibilité d’échanges d’Attachés Militaires. En matière de sécurité, la Guinée et le Burkina Faso vont intensifier leur coopération dans le domaine de la formation, des échanges d’expériences
et d’informations dans le cadre de l’Organisation Internationale de la Police Criminelle (OIPC/Interpol) afin de lutter efficacement contre la criminalité internationale.
Les deux parties s’engagent aussi à intensifier leur coopération dans le domaine de la justice et de la promotion des droits humains. A cet égard, elles se sont réjouies de leur appartenance à la
Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et à l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA). Elles ont noté la nécessité de promouvoir la
coopération en matière de droits humains et se proposent dans cette perspective d’étudier des projets entrant dans le cadre de la cohésion sociale et de la concorde entre les communautés
nationales celles d’origine étrangère.
Renforcement du cadre juridique de coopération
Concernant les affaires étrangères et la gestion des ressortissants à l’étranger, la partie burkinabè a soumis à la partie guinéenne un projet de protocole d’accord sur les consultations
diplomatiques entre les deux ministères en charge des Affaires étrangères qui a été examiné et signé par les deux parties. Cet accord va permettre aux deux parties de se consulter sur des
questions les intéressant au niveau sous-régional, régional et international. Sur la gestion des ressortissants à l’étranger, La Guinée voudrait s’inspirer de la grande expérience du Burkina Faso
en la matière.
Outre le Protocole d’accord sur les consultations diplomatiques, trois autres accords ont été signés.
- L’Accord de coopération scientifique et technique entre le Ministère des Enseignements Secondaire et Supérieur du Burkina Faso et le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche
Scientifique de la République de Guinée ;
- L’Accord de coopération entre le Ministère de la Santé du Burkina Faso et le Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique de la République de Guinée ;
- Le Protocole d’accord de coopération entre le Ministère de l’Action Sociale et de la Solidarité Nationale du Burkina Faso et le Ministère des Affaires Sociales, de la Promotion féminine et de
l’Enfance de la République de Guinée.
Restent en négociation:
- Le projet d’accord relatif à la validité et à la conversion des permis de conduire nationaux entre le Burkina Faso et la République de Guinée ;
- Le projet de protocole d’accord entre la Direction Générale de la Protection Civile de la République de Guinée et celle du Burkina Faso ;
- Le projet de convention entre le Burkina Faso et la République de Guinée en vue d’éviter la double imposition en matière d’impôt sur le Revenu.
Un Comité de suivi et d’évaluation des conclusions de cette session de la grande commission mixte Burkina Faso-Guinée, a été mis en place. Il tiendra sa première réunion à Ouagadougou courant
premier semestre 2012.
Le Ministre d’Etat, Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Régionale, SEM Bédouma Alain Yoda qui a co-présidé la cérémonie de clôture des travaux avec son
homologue guinéen chargé du Plan, s’est félicité de la tenue de cette rencontre d’échanges. Pour le Chef de la Diplomatie burkinabè, « par sa dimension politique, la première session de la grande
commission mixte de coopération entre la République de Guinée et le Burkina Faso a marqué d’une pierre blanche les annales de la coopération entre nos deux pays ». Sentiment partagé par le
Ministre guinéen du Plan pour qui, « les résultats auxquels nous sommes parvenus traduisent à suffisance notre volonté de mettre en commun nos énergies créatrices pour valoriser nos ressources
abondantes et variées, en vue d’améliorer le bien-être de nos populations. Nous sommes ainsi entrain de hisser progressivement notre coopération au niveau des aspirations de nos populations,
conformément aux vœux et aux directives de nos deux chefs d’Etat… »
A la fin des travaux, la délégation burkinabè conduite par le Ministre d’Etat, Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Régionale, a été reçue en audience par le Président de la
République de Guinée, Son Excellence le Professeur Alpha Condé et le Premier ministre, Chef du Gouvernement, SEM Mohamed Saïd Fofana.
Kévin Yves KPODA
Fasozine