Le procureur de Manhattan, Cyrus Vance Jr, n'a visiblement pas l'intention de jeter l'éponge dans l'affaire DSK. En tout cas pas pour l'instant. Depuis la remise en liberté sur parole de Dominique Strauss-Kahn, le 1er juillet, suites aux incohérences révélées dans le témoignage de Nafissatou Diallo, tout le monde s'attend à ce qu'il abandonne toutes ou une partie des accusations de crimes sexuels pesant sur l'ancien patron du FMI.
Les charges n'ont pas été abandonnées et «l'enquête se poursuit», a indiqué mercredi dans la soirée un porte-parole du bureau du procureur de Manhattan, après une rencontre avec les
avocats de DSK.
Benjamin Brafman et William Taylo ont discuté pendant près de deux heures avec les équipes de Cyrus Vance Jr. Les deux hommes ont juste qualifié la réunion de «constructive», à leur
sortie du tribunal.
Une réunion attendue. Autant dire que les caméras du monde entier guettaient la réunion surprise de ce mercredi, annoncée dans la presse américaine comme une réunion de
négociation. Les deux avocats américains de Dominique Strauss-Kahn, Benjamin Brafman et William Taylor, sont arrivés au tribunal de Manhattan vers 12 heures (18 heures à Paris).
Environ 90 minutes plus tôt, Cyrus Vance, chargé des poursuites contre DSK, était sorti du tribunal sans faire de déclaration à la presse. Vers 18h30, des micros ont été installés à
l'extérieur du tribunal mais aucune déclaration n'a finalement été faite aux journalistes. Dans le même temps, DSK et son épouse ont quitté leur domicile, souriants.
Les trois scénarios possibles. DSK est donc toujours formellement poursuivi pour crimes sexuels à la suite des accusations de Nafissatou Diallo. Mais depuis la révélation
de mensonges formulés sous serment par l'accusatrice, le procès pour viol auquel Strauss-Kahn semblait promis est malgré tout devenu improbable. Le procureur a désormais trois
choix : maintenir les sept chefs d'inculpation et aller au procès avec un fort risque de le perdre, continuer la procédure en abandonnant les charges les plus graves ( à condition que
l'accusé plaide coupable des charges restantes) ou abandonner toutes les poursuites. Ce mercredi, c'est le premier scénario qui prévaut toujours.
Les juristes pessimistes. Pour nombres de juristes et de médias pourtant, l'abandon des charges est la seule voie que peut désormais prendre le procureur.Pour
l'avocat Vincent Sanzone, il est devenu impossible d'aller au procès: «la victime présumée n'a plus aucune crédibilité, les charges vont êtres abandonnées», prédit-il. «Je suis très étonné
qu'ils n'aient pas repéré ce problème de témoignage avant», explique quant à elle l'avocate Toni Messina: «Il va être à présent très difficile d'avancer dans ce dossier. La façon la plus
facile de s'en sortir, c'est de tout abandonner».
Pour les médias «ce n'est pas défendable». Côté médias, le très sérieux Wall Street Journal cite l'adjointe du procureur, Joan
Illuzzi-Orbon. Elle explique qu'il lui paraît difficile de poursuivre les accusations portées par la femme de chambre guinéenne de 32 ans, à moins que «je croie chaque mot sortant
de sa bouche, et que je sois convaincue de l'aspect criminel de ce qui s'est passé». De son côté, le New York Post ne s'embarrasse plus
du conditionnel sur son site : selon le tabloïd américain, le procureur va rendre les armes, c'est «une certitude». D'après un enquêteur haut placé, cité par le journal,
l'abandon des poursuites pourrait intervenir lors de la prochaine audience, le 18 juillet, ou même plus tôt. «On sait tous que ce cas n'est pas défendable, déclare la source anonyme. Rien de
ce qui sort de sa bouche (NDLR : Nafissatou Diallo) n'a de crédibilité, ce qui est dommage, parce qu'on ne saura sans doute jamais ce qui s'est passé dans cette chambre d'hôtel.»
Le parisien
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