Monrovia (AFP) - Les Libériens se sont fortement mobilisés mardi pour désigner le successeur d'Ellen Johnson Sirleaf, première femme élue chef d'Etat en Afrique, dans un scrutin présidentiel
très ouvert.
Plus de deux millions de citoyens de ce petit pays anglophone d'Afrique de l'Ouest étaient appelés aux urnes pour choisir leur
nouveau président, qui sera le premier à succéder à un autre dirigeant élu depuis plus de 70 ans, et renouveler les 73 sièges de la Chambre des représentants.
Les premiers résultats étaient attendus dans les 48 heures, mais pourraient commencer à être connus dès mercredi après-midi,
selon un responsable électoral.
Parmi les favoris figurent le sénateur George Weah, légende du football africain - battu par Mme Sirleaf au second tour en
2005, puis comme candidat à la vice-présidence en 2011 -, le vice-président Joseph Boakai, l'avocat et vétéran de la politique Charles Brumskine et les puissants hommes d'affaires Benoni Urey
et Alexander Cummings.
"Je dirais que la participation a été très forte", a déclaré sans donner de chiffres, le président de la Commission électorale
(NEC), Jerome Korkoya. En 2011, au premier tour de la précédente présidentielle, le taux de participation avait atteint 71,6%.
"Très peu d'incidents ont été signalés et le vote se déroule dans le calme et de manière ordonnée", s'est félicité M.
Korkoya
Les bureaux devaient en principe fermer à 18H00 GMT, mais les électeurs déjà présents dans les files d'attente ont été
autorisés à voter au-delà de cet horaire. Dans les bureaux qui ont fermé comme prévu, le dépouillement a commencé en début de soirée.
- 'Chemin parcouru' depuis 2003 -
Dès le début de la matinée, de longues files s'étaient formées devant les bureaux de vote de ce pays très pauvre, où la
campagne a été animée mais exempte d'incidents graves.
Après avoir déposé son bulletin dans l'urne, la présidente sortante, 78 ans, prix Nobel de la Paix 2011, qui ne pouvait plus se
représenter après deux mandats, a estimé que le Liberia était "prêt pour la transition".
Elle avait déjà appelé lundi les Libériens à mesurer "le chemin parcouru" depuis la guerre civile qui a fait quelque 250.000
morts entre 1989 et 2003.
Après avoir voté, George Weah a promis en cas de victoire de commencer par "réconcilier les Libériens", avant de "former un
gouvernement d'inclusion, auquel tous puissent participer".
"Je suis satisfait qu'autant de Libériens soient venus élire leur dirigeant", a déclaré de son côté M. Boakai, s'engageant à
respecter le verdict des urnes.
L'Union européenne, l'Union africaine, la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et les Etats-Unis ont
déployé de nombreux observateurs électoraux.
Le scrutin présidentiel se déroule en deux tours, à moins qu'un candidat n'obtienne la majorité absolue dès le premier. Les
législatives ne comportent qu'un seul tour.
Le "plus probable" est qu'un second tour oppose George Weah à Joseph Boakai, estime Ibrahim Al-Bakri Nyei, un politologue
libérien de la School of Oriental and African Studies (SOAS) de Londres, soulignant l'importance de la troisième place, celle du "faiseur de roi".
Cette position de "faiseur de rois" devrait revenir à Alexander Cummings, ancien dirigeant de Coca-Cola pour l'Afrique, selon
l'analyste
A Monrovia, George Weah, facilement élu en 2014 sénateur de la province où se trouve la capitale face à un fils de Mme Sirleaf,
devrait remporter de nombreux suffrages.
"Je pense qu'il apportera le développement" a affirmé Grace Dennis, une étudiante de 24 ans, déplorant que "les gens obtiennent
des diplômes mais ne trouvent pas d'emploi".
Comme beaucoup d'électeurs de sa génération, Samuel Gbazeki, 64 ans, s'est dit reconnaissant à l'équipe sortante pour avoir
"reconstruit après la guerre", confiant voter pour M. Boakai.
Pour redresser économiquement le pays, ravagé en 2014-2016 par l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest, chacun des candidats a
insisté sur une recette simple: le développement des routes pour M. Boakai, de l'agriculture pour M. Urey, de l'éducation et de la formation professionnelle pour MM. Weah et Cummings.
Les fantômes de la guerre civile hantent encore le pays, comme en témoigne la présence parmi les 20 candidats de l'ex-chef de
milice Prince Johnson, 65 ans. Aujourd'hui sénateur, il est resté tristement célèbre pour une vidéo le montrant en train de siroter une bière pendant que ses hommes torturaient à mort le
président Samuel Doe en 1990.
Jennifer O'MAHONY, Zoom DOSSO
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