Les juges de la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye ont ordonné, vendredi 1er février, la remise en liberté conditionnelle de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo et de l’ex-chef du mouvement des Jeunes patriotes, Charles Blé Goudé. Les deux hommes doivent désormais être remis à un Etat qui acceptera de les accueillir, précise le jugement.
La décision a été prise à la majorité des cinq juges.
« La chambre d’appel a décidé à l’unanimité l’ajout d’un ensemble de conditions
qui assortissent la mise en liberté » de Laurent Gbagbo, dont l’obligation de résider dans un Etat membre de la CPI en attendant
un éventuel procès en appel, a déclaré le juge Chile Eboe-Osuji, président de la CPI. Dans leur décision, dernier épisode en date d’un feuilleton
judiciaire qui tient en haleine la Côte d’Ivoire, les juges n’ont pas précisé si un retour de l’ancien président dans son pays était envisageable.
Poursuivis pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre, l’ex-chef d’Etat et Charles Blé Goudé, ancien allié du clan Gbagbo, ont été acquittés en janvier par la CPI. Leur remise en liberté avait été différée dans l’attente de l’examen d’un appel du parquet.
Mais le maintien en détention des deux hommes était au cœur des débats devant la CPI, la défense ayant demandé une mise en liberté immédiate et inconditionnelle dès l’acquittement prononcé. « Il est impossible de limiter la liberté d’une personne innocente », a répété à maintes reprises l’avocat de Laurent Gbagbo, Emmanuel Altit.
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Trois mille morts en cinq mois
En détention depuis plus de sept ans, Laurent Gbagbo, 73 ans, était jugé pour des crimes commis pendant la crise de 2010-2011, née de son refus de céder le pouvoir à son rival, l’actuel président ivoirien Alassane Ouattara. Les violences avaient fait plus de trois mille morts en cinq mois. Il avait finalement été arrêté en avril 2011 par les forces du président Ouattara, soutenues par l’Organisation des Nations unies (ONU) et la France. Il est le premier ancien chef d’Etat à avoir été remis à la CPI.
Mais, pour les juges de la Cour pénale internationale, rien, dans les preuves déposées depuis janvier 2016 par le procureur, ne prouve que le perdant de facto de la présidentielle de 2010 avait planifié « une politique ayant pour but d’attaquer une population civile ».
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Lemonde.fr
Le 1er février 2019
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