Le pape Benoît XVI à son arrivée à l'aéroport de Cotonou au Bénin, le 18 novembre 2011 © AFP Issouf Sanogo |
COTONOU - Le pape Benoît XVI a été accueilli vendredi par des milliers de fidèles au Bénin, pays de culture vaudou, chrétienne et islamique, où il a entamé vendredi sa deuxième visite en Afrique.
Après son arrivée dans la capitale économique Cotonou à 15H00 locales (14H00 GMT), et un discours à l'aéroport, il a parcouru en papamobile la ville pavoisée aux couleurs du Bénin et du Vatican.
Des hommes et des femmes vêtus de pagnes à son effigie ou avec des messages catholiques - "Jésus j'ai confiance en toi", "Dieu bénisse le Bénin" - l'ont acclamé, entonnant des chants à la gloire du Seigneur.
"A travers le pape je sens que c'est Dieu même que j'ai vu", dit Geneviève, tout sourire après avoir aperçu le chef de l'Eglise catholique.
Le pontife, venu fixer un cap aux fidèles dans une région en pleins bouleversements, a dès son arrivé à l'aéroport mis en garde contre les "écueils" liés au passage à la "modernité", citant la "soumission inconditionnelle aux lois du marché ou de la finance", le "nationalisme", le "tribalisme" ou encore "l'effritement des valeurs".
L'Afrique est le continent où le nombre de catholiques croît le plus vite mais l'Eglise de Rome y est concurrencée par les nouveaux courants protestants. Plusieurs centaines de milliers d'Africains ont ainsi rejoint ces cultes aux célébrations plus chaleureuses et perçues comme plus proches des préoccupations des gens.
A bord de son avion, le pape avait déclaré que l'Eglise catholique "ne doit pas imiter ces communautés" pentecôtistes qui "ont du succès mais peu de stabilité".
L'Eglise "doit avoir un message simple, concret, compréhensible. Il est important que le christianisme n'apparaisse pas comme un système difficile, européen, qu'un autre ne peut comprendre", avait-il poursuivi.
A la cathédrale de Cotonou, décorée de tissus jaune et blanc tendus depuis la voûte, le pape a été accueilli par des applaudissements et des hourras, avant de prononcer une homélie.
Dans une prière à Marie, il a demandé que soient comblées "les plus nobles aspirations des jeunes d'Afrique", "les coeurs assoiffés de justice, de paix et de réconciliation" et "les espoirs des enfants victimes de la faim et de la guerre".
Le Président du Bénin Thomas Yayi Boni (G) accueille le pape Benoît XVI (D) sur l'aéroport de Cotonou, le 18 novembre 20111 © AFP Issouf Sanogo |
Cette visite de trois jours est "une grâce, il nous apporte l'espoir et nous, fidèles de l'Eglise, nous en avons besoin", a déclaré à l'AFP Françoise Dah Houinou, enseignante.
Dans ce pays ouest-africain de 9 millions d'habitants, où l'Eglise est vivante et en expansion mais confrontée à de nombreux problèmes (corruption, moeurs, syncrétisme), Benoît XVI vient signer puis remettre à des délégations d'évêques de tout le continent une "exhortation apostolique" issue du synode africain de 2009.
"Africae Munus" ("l'engagement de l'Afrique" en latin) parle de promouvoir une plus grande implication de l'Eglise africaine dans les problèmes de la cité, alors que les défis ne manquent pas: développement inégal, corruption, affaiblissement des pouvoirs traditionnels, concurrence des Eglises pentecôtistes et rapports parfois difficiles avec l'islam.
Après la cathédrale, le pontife, 84 ans, s'est retiré à la résidence du nonce apostolique.
Samedi matin, il doit s'entretenir avec le président Thomas Boni Yayi et des représentants des autres religions et il ira ensuite à Ouidah (40 km à l'ouest de Cotonou), coeur du vaudou, religion traditionnelle profondément ancrée dans le pays et qui compte plus de fidèles que le catholicisme.
Cette ville côtière, où débuta l'évangélisation du pays il y a 150 ans, abrite aussi le plus grand séminaire d'Afrique occidentale.
Dimanche, il célèbrera une messe au "stade de l'amitié" de Cotonou avant son départ dans l'après-midi.
Lors de sa première visite en Afrique (Cameroun et Angola) en 2009, le pape avait déclenché une tempête mondiale par ses propos sur le préservatif, estimant que son utilisation aggravait le problème du sida.
Un sujet sur lequel il est encore attendu, après en avoir toutefois admis l'usage "dans certains cas" (il avait cité la prostitution), en 2010. L'Afrique compte 70% des quelque 34 millions de séropositifs dans le monde.
AFP
19/11/2011
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