L’ancien président de la République Jacques Chirac est mort ce jeudi 26 septembre, a annoncé sa famille à l’AFP.
C'était l'un des visages de la Ve République. Jacques Chirac, ancien président de la République, est mort ce jeudi 26 septembre à l'âge de 86 ans. C’est sa famille qui l’a annoncé dans la matinée à l’AFP, “il s'est éteint au milieu des siens. Paisiblement”, a déclaré son gendre Frédéric Salat-Baroux.
Entré au gouvernement à seulement 37 ans, il gravit les échelons, avant d'atteindre Matignon, en 1974. La dernière marche, la plus haute, est la plus compliquée à franchir. Après deux échecs à la présidentielle, en 1995, il finit par être élu président de la République, puis réélu en 2002. Mais au-delà de son parcours politique, Jacques Chirac a marqué les Français par son style, décontracté, son couple avec Bernadette Chirac, mais aussi par ses réformes, comme la suppression du service militaire obligatoire, ou la refonte du système des retraites. Mais Jacques Chirac a également défrayé la chronique par des erreurs politiques et des affaires judiciaires.
Un parcours politique semé d'embûches
De la mairie de Sainte-Féréole, en Corrèze, au palais de l'Elysée en passant par la mairie de Paris, c'est peu de dire que l'ascension de Jacques Chirac jusqu'au sommet de l'Etat a été semée d’embûches.
La carrière politique de Jacques Chirac commence en 1962. Diplômé de l'ENA trois ans plus tôt, il entre au gouvernement pas la toute petite porte. Il est chargé de mission au Secrétariat général du gouvernement. Puis au sein du gouvernement de Georges Pompidou. Ce dernier apprécie l'énergie de ce jeune diplômé, et le surnomme « mon bulldozer ». En 1967, il est mis sur le devant de la scène corrézienne, d'où sa famille est originaire, pour les élections législatives, et arrache, à l'opposition, le canton d'Ussel.
Une victoire forte, qui permet à Jacques Chirac d'entrer à l'Assemblée nationale durant… deux mois seulement. Car le profil de l'élu corrézien plaît au gouvernement, et le tout nouveau député est rapidement nommé par Georges Pompidou, secrétaire d'Etat chargé des problèmes de l'emploi, à 37 ans. Cigarette au coin de la bouche, dans un style décontracté qui dénote Jacques Chirac fait son entrée au sein de la vie politique parisienne, pour ne plus la quitter avant de nombreuses années.
Jacques Chirac, connu pour son grand amour des bonnes choses
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Mais il ne faut pas se fier aux apparences. Le style ne colle pas à l'ambition de Jacques Chirac. Le tout nouveau secrétaire d'Etat veut aller loin, très loin. Il gravit les échelons du pouvoir à vitesse grand V. D'abord secrétaire d'Etat à l'Emploi sous le Général de Gaulle en 1967, il devient tour à tour ministre de l'Agriculture, puis ministre de l'Intérieur sous George Pompidou, avant de décrocher Matignon en 1974.
En à peine sept ans, il passe d'un poste de secrétaire d'Etat à Premier ministre. Une ascension qui suscite l'admiration, mais ne suffit pas à l'ambitieux Chirac, qui ne vise rien de moins que l'Elysée. Pour devenir Président, il fonde en 1976 un parti à son image, le RPR, Rassemblement pour la République. En 1977, Jacques Chirac passe un cap, et devient maire de Paris. Un poste qui lui permet de rayonner à l'internationale. Objectif : 1981, et l'élection présidentielle.
Un premier échec à la présidentielle
Le maire de Paris mène campagne, et se présente donc pour la 1ère fois à l'élection présidentielle. Malgré l'enthousiasme des militants réunis au Parc des Princes, c'est un échec. Il est éliminé dès le 1er tour. La gauche et François Mitterrand arrivent au pouvoir.
Mais Jacques Chirac ne se laisse pas abattre, et se prépare, déjà, à sa revanche, programmée pour l'élection de 1988. A la tête du principal parti d'opposition, le RPR, il renforce sa popularité. Lors des élections législatives de 1986, coup de théâtre, la gauche perd la majorité, et François Mitterrand doit se résoudre à la cohabitation : Jacques Chirac est Premier ministre, pour la seconde fois. A deux ans de l'élection présidentielle, la place est enviable. Mais en 1988, Jacques Chirac est battu, au second tour cette fois, encore par François Mitterrand.
Animal politique féroce
François Mitterrand est réélu. Un deuxième échec pour Jacques Chirac et le début d'une traversée du désert qui va durer 5 ans. Il se retire même de la vie politique. On le dit déprimé. Il est surtout lâché par une partie de son camp, qui ne croit plus en lui.
Mais Jacques Chirac est un animal politique féroce. Il parvient à garder la tête du RPR, et remporte les législatives de 1993 qui permettent à la droite de revenir aux affaires. Avec Edouard Balladur, le pacte est scellé : à toi Matignon, à moi la présidentielle de 1995. La trahison n'en sera que plus amère; Edouard Balladur, l'ami de 30 ans, se présente finalement. Jacques Chirac repart en campagne, et semble avoir trouvé la formule qui va le faire gagner.
Jacques Chirac et François Mitterrand sur le perron de l'Élysée.
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Au soir du 7 mai 1995, c'est la consécration : après 3 tentatives, Jacques Chirac devient enfin Président. Le gouvernement d'Alain Juppé mène des réformes impopulaires. Retraites, gel du salaire des fonctionnaire, la France est dans la rue et Jacques Chirac décide de dissoudre l'Assemblée. Erreur monumentale : la gauche remporte les législatives, et une nouvelle cohabitation a lieu : Lionel Jsospin est Premier ministre jusqu'à l'élection présidentielle de 2002.
Le 21 avril, coup de tonnerre: Jacques Chirac se retrouve à la surprise générale face à Jean-Marie Le Pen. Lionel Jospin, candidat socialiste, est battu dès le premier tour. La malédiction de Matignon a encore frappé. Le 11 mars 2007, c'est donc un Président en fin de règne, et affaibli, qui s'adresse pour l'une des dernières fois, aux Français. Au matin du 16 mai 2007, Jacques Chirac, 74 ans, cède son fauteuil à Nicolas Sarkozy, la fin de 45 ans de vie politique, l'une des plus longues de la Vème République.
Depuis la fin de son mandat, Jacques Chirac s’était montré très discret. Hospitalisé à plusieurs reprises à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière pour des infections pulmonaires, le 22e président de la République française était affaibli depuis plusieurs années, avant de s’éteindre ce jeudi 26 septembre.
Macron prononcera une allocution ce soir à 20 heures
Le président de la République, qui devait se rendre à Rodez pour un grand débat sur les retraites, a été prévenu du décès de l’ancien chef de l’État par la famille de ce dernier, quelques heures avant l’annonce officielle.
Cela restera comme l’un des moments très forts de son quinquennat. Ce jeudi matin, alors qu’il s’apprêtait à se rendre à Rodez (Aveyron) pour un «grand débat» sur la réforme des retraites, Emmanuel Macron a été stoppé dans son élan par un coup de fil. L’appel en question provenait de la famille de Jacques Chirac, qui lui a annoncé la mort de l’ancien chef de l’État. Le locataire de l’Élysée, qui a renoncé à se rendre dans le Sud Ouest, réagira à cette funèbre nouvelle lors d’une allocution ce jeudi soir à 20 heures.
Âgé de 86 ans, le fondateur du RPR, qui a été l’une des figures principales de la famille de la droite, avait eu l’occasion de s’entretenir avec son jeune successeur au début du quinquennat. À peine élu, en septembre 2017, Emmanuel Macron, qui ne le connaissait pas, avait en effet souhaité le rencontrer, ainsi que Bernadette Chirac, à leur domicile parisien.
Pour le remercier de son geste, Jacques Chirac lui avait alors offert un petit portrait du Général de Gaulle en bronze qui n’avait jamais quitté son bureau, que ce soit à l’Élysée ou à la mairie de Paris. «C’est un objet qui lui est très personnel. Mais au-delà, le président Chirac voulait marquer la continuité de la République par-delà les appartenances politiques», racontait alors sa fille, Claude Chirac, au Figaro.
lefigaro.fr
Le 26 septembre 2019