Paris (AFP) - Donald Trump et son épouse Melania sont arrivés jeudi à Paris pour une visite de deux jours pleine de faste, loin de l'atmosphère plombée de Washington où le scandale de collusion présumée avec la Russie se rapproche dangereusement du président américain.
Le couple présidentiel, invité pour commémorer le centenaire de l'entrée des Etats-Unis dans la Première guerre mondiale, a atterri tôt jeudi matin et s'est tout de suite séparé, chacun suivant son programme.
Le président, qui entamera dans l'après-midi la partie diplomatique de sa visite, s'est rendu à l'ambassade américaine en plein coeur de Paris.
Son épouse Melania, très élégante dans un tailleur rouge, a visité pour sa part un grand hôpital parisien pour enfants. Très souriante, elle a parlé en français et anglais avec de petits patients et s'est vu offrir un exemplaire du Petit Prince de Saint-Exupéry. Elle rejoindra dans l'après midi Brigitte Macron, l'épouse du président français, pour une visite de la cathédrale Notre-Dame et une croisière sur la Seine.
La République française s'est mise en quatre pour accueillir le couple Trump, avec notamment un dîner jeudi soir dans un restaurant étoilé sis au deuxième étage de la Tour Eiffel, offrant une vue imparable sur la Ville Lumière.
"Nous avons l'habitude de bien recevoir les gens qu'on invite. Nous aurons à coeur que ce séjour se déroule bien", explique l'Elysée, démentant l'idée que cette invitation en grande pompe constitue un blanc-seing à l'imprévisible dirigeant américain.
- Lutte contre le terrorisme -
Le président américain sera accueilli solennellement par son homologue français jeudi après-midi à l'Hôtel national des Invalides. Une cérémonie militaire, un passage en revue des troupes et un arrêt devant le tombeau de Napoléon sont prévus. Les deux hommes, qui se sont rencontrés à plusieurs reprises, auront ensuite un entretien à l'Elysée. Le lendemain, ils assisteront côte à côte au traditionnel défilé du 14 juillet.
La visite de M. Trump revêt une forte charge politique, compte tenu des relations difficiles que le président, chantre de l'"Amérique d'abord", entretient avec le reste du monde. Et elle intervient quelques jours après un G20 houleux, où les Etats-Unis ont réaffirmé leur volonté de faire cavalier seul, notamment sur la question primordiale du climat.
Mais Paris et Washington ont "un point de convergence essentiel : la lutte contre le terrorisme et la protection de nos intérêts vitaux. Que ce soit au Proche ou Moyen-Orient et en Afrique, notre coopération avec les Etats-Unis est exemplaire", a répété M. Macron dans un entretien commun à la presse française et allemande.
La France, deuxième contributeur de la coalition antijihadiste en Irak et en Syrie, est "un partenaire très proche dans le domaine sécuritaire", reconnaît un haut responsable américain.
Toutefois, précise l'Elysée, les sujets de divergence, en particulier le climat, "ne seront pas évités".
Depuis le retrait début juin des Etats-Unis de l'accord de Paris, le président français a endossé le costume de défenseur de l'accord, notamment avec une formule choc: "Make our planet great again" ("Rendre sa grandeur à notre planète"), parodiant le slogan de campagne du président Trump. Néanmoins, il a affirmé ne pas désespérer de convaincre les Etats-Unis de revenir dans l'accord.
Cette stratégie a cependant suscité quelques réserves. "Quelle est la finalité de tout ça ? (...) Est-ce que cette invitation a un sens pour déboucher sur des solutions ?", s'est interrogé l'ancien ministre socialiste Stephane Le Foll. Quelques jours avant, l'écologiste Yannick Jadot s'était indigné de l'invitation faite à un homme qui "a fait un bras d'honneur" à la planète.
- 'Bonne alchimie' -
Trump et Macron, que tout semble opposer au premier abord, "ont beaucoup de choses en commun dans leur façon de voir le monde", estime un haut responsable américain. Selon lui, il y a "une très bonne alchimie" entre le centriste pro-européen Macron, 39 ans, et l'isolationniste et impétueux Trump, 71 ans.
"Ils ont une relation de travail extrêmement ouverte, franche, mais aussi constructive", opine-t-on côté français.
Lors du récent sommet du G20, le président français a multiplié les amabilités, les gestes complices, les accolades, en net contraste avec les autres Européens, notamment la chancelière allemande Angela Merkel, très critique vis à vis de l'Américain.
Hasard du calendrier, Mme Merkel est d'ailleurs à Paris jeudi en même temps que M. Trump, pour un sommet franco-allemand qu'elle a coprésidé dans la matinée avec Emmanuel Macron.
Mais aucune rencontre n'est prévue entre la chancelière et le dirigeant américain.
Cecile FEUILLATRE et Andrew BEATTY
AFP
Le 13 juillet 2017
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