Burkina: les échos du Fespaco

ROCK OU ROCH - Lors de son concert à la cérémonie inaugurale du Fespaco, le chanteur ivoirien Alpha Bondy a dédié une chanson au président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré: "Rock à Ouaga" dont le refrain était "Rocking time in Ouagadougou". Auparavant, fier de l'artiste de son pays, le ministre de la culture ivoirien Maurice Kakou Bandama avait assuré qu'Alpha Blondy allait "enjailler les Bramôgôs" (faire plaisir aux amis), soulevant l'ovation des spectateurs ravis de cette salve en argot.

SANKARA - Plusieurs intervenants lors de la cérémonie d'ouverture du Fespaco ont salué la mémoire du président Thomas Sankara, "père de la révolution" burkinabè, assassiné en octobre 1987 lors d'un coup qui porta au pouvoir Blaise Compaoré. Le sujet était tabou jusqu'à son renversement par une insurrection en octobre 2014. Le ministre de la Culture Tahirou Barry a notamment souhaité la "bienvenue au pays du peuple insurgé qui a su briser les chaînes de l'esclavage (..) au pays de Thomas Sankara qui a rêvé d'une Afrique authentique fière et conquérante". Il a rappelé qu'un monument allait être érigé en l'honneur du chef d’État dont l'héritage a été idéalisé. Le chanteur Smockey, membre du Balai citoyen, mouvement particulièrement actif lors de la chute de Compaoré, a aussi dédié une chanson à Sankara lors d'une prestation remarquée et saluée par les spectateurs.

COMÉDIENS - Si le public africain tient à être au Fespaco, c'est souvent pour y rencontrer ses comédiens préférés. Cette année encore, les stars du grand et du petit écran africains tiennent leur place au Fespaco. Bola Abayomi de son vrai nom Fabian Lojede, célèbre grâce à son rôle de méchant garçon dans la série à succès Jacob’s Cross est à Ouagadougou. La star nigériane de la série sud-africaine à succès diffusée sur la chaîne cryptée française Canal+ s'est bien fondue dans la masse des comédiens africains à ce 25è Fespaco. Malheureusement celui qui a pour héros Thomas Sankara, le "père de la révolution" burkinabè ne pourra pas voir la tombe de son idole. Son corps a été exhumé depuis 2015 pour une autopsie sur ordre de la justice afin de déterminer les causes de sa mort.

DADIS DANS LE PROTOCOLE - Le capitaine Moussa Dadis Camara, éphémère et controversé président guinéen, jouit bien de son statut d'ancien chef d’État. Il vit au Burkina depuis la tentative d'assassinat dont il a été victime, et continue de bénéficier des honneurs d'ancien chef d’État dans son pays hôte. Il était bien en vue avec les autorités burkinabè à la cérémonie d'ouverture du 25è Fespaco qui s'est déroulée samedi après-midi au stade municipal Dr Issouf Conombo de Ouagadougou. Avec ses éternelles lunettes de soleil, l'ancien putschiste vêtu d'un Faso Danfani (tenue traditionnelle fait de cotonnade tissée), qui est poursuivi en Guinée pour le massacre d'opposants le 28 septembre 2009 dans un stade de Conakry, était le seul ancien chef d’État à assister à la cérémonie d'ouverture du Fespaco.

OUATTARA EN GUEST STAR - Le président ivoirien Alassane Ouattara, dont le pays est l'invité d'honneur du Fespaco, est attendu en guest star à Ouagadougou. Les autorités burkinabè ne ménagent aucun effort pour convaincre le numéro 1 ivoirien de venir à Ouagadougou. Le président Roch Marc Christian Kaboré a dépêché la semaine dernière deux de ses ministres (Affaires étrangères et Culture) pour remettre la lettre d'invitation personnelle à M. Ouattara. Le Burkina, qui dispose de la plus grosse communauté étrangère en Côte d'Ivoire, veut coûte que coûte normaliser ses relations avec son grand voisin de l'ouest. Les deux voisins ont frôlé la rupture après l'insurrection populaire qui a contraint l'ancien président Blaise Compaoré à se réfugier en Côte d'Ivoire et surtout après le putsch et la mise en accusation du président de l'Assemblée nationale Guillaume Soro pour son implication présumée dans ce coup d’État manqué en septembre 2015.

 

AFP
Le 26 février 2017

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