Même si le gouvernement béninois dit revoir sa copie et vouloir négocier avec les autorités françaises, c'est un coup dur pour la politique culturelle du pays.
Le 26 août dernier, le Bénin a officiellement demandé à la France de restituer les trésors pillés pendant la colonisation. La réponse du gouvernement français est parvenue dans un document rendu public le 8 mars et elle est sans appel. C'est un refus catégorique. Le motif ? « Les biens que vous évoquez ont été intégrés de longue date, parfois depuis plus d'un siècle, au domaine public mobilier de l'État français. Conformément à la législation en vigueur, ils sont soumis aux principes d'inaliénabilité, d'imprescriptibilité et d'insaisissabilité. En conséquence, leur restitution n'est pas possible », justifie le Quai d'Orsay.
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La demande du gouvernement avait fait écho dans la presse nationale, mais aussi dans le monde. En effet, même si la demande du gouvernement béninois n'est pas une première, le gouvernement de la rupture du président Talon s'est lancé dans un vaste programme de réforme de l'offre culturelle et touristique. D'où l'importance donnée au retour de ces biens culturels pillés lors de la guerre coloniale. Dans sa lettre transmise en décembre dernier au ministre des Affaires étrangères béninois, la France avance qu'elle a ratifié la convention Unesco de 1970, Convention de l'Unesco concernant les mesures à prendre pour interdire et empêcher l'importation, l'exportation et le transfert de propriété illicites de biens culturels, mise en application en 1997. Texte que le Bénin n'a toujours pas ratifié à ce jour. Dans ce débat, plusieurs voix se sont fait entendre pour ou contre le bien-fondé d'une telle demande. Pour certains, le Bénin n'a pas les capacités logistiques pour accueillir des œuvres dont le nombre exact varie selon les sources. Le pays n'a pas, selon eux, une politique muséale qui permette de rapatrier ces objets. De l'autre, des voix s'élèvent pour un retour pur et simple au nom de l'histoire. Ensuite, le pays jugera de ce qui pourra être fait.
Le pays ne baisse pas les bras pour autant. Le gouvernement a donc décidé d'organiser une rencontre entre une délégation officielle et les autorités françaises pour reprendre le processus point par point, a annoncé le 8 mars dernier, Pascal Koupaki, le secrétaire général à la présidence. « La rencontre dont l'autorisation a été approuvée par le gouvernement offrira l'occasion de poursuivre les pourparlers afin de faciliter l'accès à ces objets emportés », a-t-il indiqué. Il a affirmé qu'en marge de cette rencontre, la délégation béninoise profitera également de l'occasion pour engager les formalités nécessaires à la récupération des documents que le professeur Gilbert Rouger propose d'offrir gracieusement au Bénin. Pour la partie béninoise, cette demande de restitution se justifie par le souhait des autorités béninoises de mieux faire connaître à ses populations la valeur de ses biens culturels et historiques à l'étranger. « La démarche du Bénin respecte la vision de l'Unesco pour le transfert des biens culturels à leurs pays d'origine ou pour leur restitution en cas d'appropriation illégale », a-t-il poursuivi. Il est tout de même peu probable que ces nouvelles négociations menées par l'Agence nationale de promotion des patrimoines et de développement du tourisme et le Comité intergouvernemental pour la promotion du retour de biens culturels à leur pays d'origine de l'Unesco aboutissent dans les mois ou les années à venir. Qu'à cela ne tienne, les Béninois se sont déjà emparés du sujet.
Au titre des biens réclamés par le pays figurent la statue du roi Guézo, les récades royales, le trône de Glélé, les portes sacrées de son palais. Au total, plus de 5 000 pièces, réparties dans plusieurs musées privés, mais dont la majorité appartient désormais aux collections du musée du Quai Branly, à Paris.
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Le 14 mars 2017
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