Panafricanisme, indépendance, Trump, Maroc... Le président guinéen a clôturé son premier sommet des chefs d'État de l'Union africaine en tant que président, prenant la suite du Tchadien Idriss Déby Itno.
Avant cela, Alpha Condé, élu lundi 30 janvier, s’est adressé à ses homologues, ou plutôt aux délégations puisque, à la suite du discours du Roi du Maroc, de nombreux chefs d’État ont quitté la salle. « Pourquoi lorsque nous assistons à des événements en Chine, ou au Japon, nous restons jusqu’au bout, et pas chez nous? » Et d’ajouter qu’ « ailleurs, nous sommes à l’heure, et pas lors de nos assemblées. Quand on dit qu’on commence à 10h, on commence à 10h ».
Dès ce premier sommet, le Guinéen a ainsi affirmé son style. Il a multiplié les références aux membres fondateurs de l’Organisation de l’Union africaine (OUA), notamment en saluant le retour du Maroc, grâce auquel « l’OUA se retrouve à nouveau ». Il a rappelé l’initiative de Mohammed V, en 1961, de réunir les grands leaders de l’époque (Haïlé Sélassié, Kwame Nkrumah, Sékou Touré, etc…) au sein de ce qui sera ensuite appelé le groupe de Casablanca, et qui donnera naissance, deux ans plus tard, avec le groupe de Monrovia, à l’OUA.
Alpha Condé a par ailleurs remercié le président zimbabwéen Robert Mugabe − « il est notre fierté et le symbole des luttes pour l’indépendance » − , et appelé ses pairs à s’unir pour ne parler que d’une seule voix. « C’est ainsi qu’on nous écoute, on l’a vu à la COP21 », a-t-il rappelé.
Hommage à Idriss Déby Itno
Ces remarques improvisées faites, il s’est attaqué à son discours officiel. « J’éprouve un sentiment de réconfort à la fin de cette 28e session, qui marque un important jalon pour faire de l’Union africaine un organe important. » Puis il s’est adressé à son prédécesseur, son homologue tchadien Idriss Déby Itno − absent de la salle −, dont il a apprécié « la manière africaine » de mener les débats durant cette dernière année.
Après avoir loué les « efforts » de la présidente de la commission sortante, Nkosazana Dlamini Zuma, il lui a souhaité « plein succès pour le futur ».
Le roi du Maroc a parlé avec son cœur
Concernant le retour du Maroc, sa « compétence et son excellence » sont des « atouts pour l’Union africaine ». Pour Alpha Condé, « le roi a parlé avec son cœur. Il s’acquittera de sa part » pour renforcer l’indépendance du continent.
Il a demandé aussi aux membres d’être « solidaires » des pays touchés par les mesures de restriction des visas décidés par le président américain Donald Trump (Libye, Soudan du Sud, et Somalie) car, a-t-il dit, « quand la case de ton voisin brûle, ta case brûle aussi ».
« C’est le prix de l’indépendance africaine tant vantée par notre frère Thabo Mbeki [présent dans la salle] » a-t-il insisté pour saluer la décision prise sur le mode de financement de l’organisation (une taxe de 0,2% sur les importations). Il a par ailleurs appeler à faire « sauter les barrières qui entravent nos échanges ».
« L’Afrique doit prendre son destin en main », il faut d’abord « compter sur nos propres ressources », et que « l’Afrique se fraye un chemin dans la mondialisation », a-t-il conclu sous les applaudissement de l’assemblée.
Par Michael Pauron et Vincent Duhem - envoyés spéciaux à Addis Abeba
Jeune Afrique
Le 31 janvier 2017
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