L’Afrique, nouveau terrain de jeu des exportateurs de drones

Un drone Aksungur de fabrication turque au Salon international de l’aéronautique et de l’espace de Paris-Le Bourget, le 20 juin 2023. GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
Un drone Aksungur de fabrication turque au Salon international de l’aéronautique et de l’espace de Paris-Le Bourget, le 20 juin 2023. GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

« Les drones, nouvelle donne des guerres africaines » (2 /3). La Chine, Israël et la Turquie profitent de l’appétit grandissant des états-majors du continent pour vendre leurs aéronefs.

« Partout où je vais en Afrique, tout le monde me parle de drones ! », se félicitait le président turc Recep Tayyip Erdogan lors de sa dernière tournée sur le continent, fin 2021. Depuis, les trois pays où il s’est rendu – Togo, Angola et Nigeria – ont rejoint le club de moins en moins fermé des Etats s’étant dotés d’aéronefs de combat turcs Aksungur et Bayraktar TB2. Ce dernier, d’une envergure de 12 mètres et capable de voler pendant vingt-sept heures dans un rayon de 150 kilomètres avec, à son bord, quatre missiles à guidage laser, est devenu en quelques années la vitrine de l’industrie de défense turque à l’étranger. Et désormais son fer de lance en Afrique.

A l’instar de la Chine et d’Israël, ses deux principaux concurrents sur le marché africain des drones de combat, la Turquie profite de l’appétit grandissant des états-majors du continent pour les UAV (« unmanned aerial vehicle », en anglais). Depuis 2019, Ankara en aurait écoulé plus d’une quarantaine – les données ne sont pas publiques – dans une dizaine de pays du continent. Le Niger, le Burkina Faso et le Mali ont acquis, en l’espace de dix mois, plusieurs modèles Bayraktar TB2. En 2022, le Sénégal a fait savoir qu’il était également en lice pour en obtenir. L’armée tchadienne a, quant à elle, acquis quatre Anka, des drones d’attaque d’un autre constructeur turc.

 

« La Turquie utilise la vente de ses drones comme une porte d’entrée en Afrique. Elle ne cherche pas un retour sur investissement immédiat mais s’inscrit dans un projet politique de très long terme », explique Aurélien Denizeau, chercheur à l’Institut libre des relations internationales et des sciences politiques, à Paris. Les exportations d’UAV servent des objectifs diplomatiques plus larges et permettent l’ouverture de partenariats économiques et politiques, y compris de soft power. En Ethiopie, la livraison – informelle – de Bayraktar TB2 au gouvernement du premier ministre, Abiy Ahmed, en 2021 s’est, par exemple, assortie de la fermeture d’une dizaine d’écoles affiliées au Hizmet, le mouvement du prédicateur Fethullah Gülen, bête noire d’Ankara.

 

lemonde.fr

Le 28 décembre 2023

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