Au Niger, le départ de la France fait l’affaire des djihadistes

La situation sécuritaire s’est fortement dégradée au Mali et au Burkina Faso, d’où sont partis les soldats français.

Les putschistes ne sont pas les seuls à se réjouir du retrait programmé, d’ici à la fin de l’année, des 1 500 soldats français positionnés au Niger. Leur départ est aussi une bonne nouvelle pour les djihadistes du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaida, et leurs rivaux de l’Etat islamique dans le Grand Sahara. Comme c’est déjà le cas au Mali et au Burkina Faso, où elle a aussi fermé ses bases, la France ne participera plus à leur traque.

"Leur expansion pourrait continuer, après des progrès importants réalisés ces deux derniers mois, quand des unités nigériennes ont été rappelées sur la capitale pour la sécuriser", estime Elie Tenenbaum, directeur du Centre des études de sécurité à l’Institut français des relations internationales et auteur et auteur de La Guerre de vingt ans : djihadisme et contre-terrorisme au XXIe siècle (Marc Hecker, éditions Robert Laffont).

Cette expansion agit comme une mécanique infernale : prendre le contrôle de plus de territoires permet aux djihadistes de mieux financer leurs activités en imposant leur impôt, la "zakat", à davantage de villages et en contraignant plus de communautés à leur fournir de nouveaux combattants. D’autant que le putsch de la fin juillet a signé la fin brutale de la politique de dialogue avec des éléments du GSIM qui défendent un agenda local (et non mondial, comme les hauts dirigeants d’Al-Qaida), promue par le président Mohamed Bazoum.

Le Mali et le Burkina Faso dans la tourmente

Dénoncée par la nouvelle junte comme une trahison, cette politique de la "main tendue" était pourtant parvenue à contenir les recrutements, les attaques et les victimes civiles. À présent, "il y a un risque de voir se développer une sorte de corridor djihadiste, du Mali jusqu’à l’Etat du Sokoto, au nord-ouest du Nigeria, en passant par la région de Niamey, la plus menacée des capitales des Etats sahéliens", poursuit le chercheur.

Ce n’est pas tout : au Mali, le départ des forces françaises et onusiennes incite les groupes séparatistes du nord, à dominante touareg, à reprendre les hostilités. Malgré le soutien des mercenaires russes de Wagner, les unités maliennes ont été chassées de certains camps et commencent à accumuler les déconvenues. On retrouve une partie des ingrédients ayant mené à la situation catastrophique de janvier 2013, lorsque l’armée malienne était au bord de l’effondrement, sous les coups des insurrections indépendantistes et salafistes, avant l’intervention de la France, via l’opération Serval. Au Burkina Faso, d’où les forces spéciales françaises sont parties en février, les attaques n’ont pas cessé sur la quasi-totalité du territoire, quand bien même les autorités assurent avoir reconquis certaines localités occupées par les djihadistes. L’avenir s’annonce chaotique pour la junte de Niamey.

 

Lexpress.fr

 

Le 27 septembre 2023

Écrire commentaire

Commentaires: 0