L’attaquant ajaïste Ousmane Camara a expliqué à des élèves d'Auxerre pourquoi, encouragé par son oncle, il a décidé de quitter la pauvreté de Conakry à l’âge de 15 ans pour aller jouer au foot en France.
Aujourd’hui footballeur professionnel à l’AJA, Ousmane Camara est venu témoigner devant les élèves d’une classe de 4e du collège Albert-Camus de son parcours singulier depuis sa Guinée natale. Un récit bouleversant qui s’inscrit dans le cadre du programme d’histoire-géographie sur les migrations clandestines dans le monde.
Le professeur Simon Genestier a souhaité prendre appui sur la vie d’Ousmane Camara, à la fois comme une étude de cas de géographie concrète et comme sujet d’actualité en rapport avec les migrations. "Mais aussi sur la transmission de valeurs telles que le courage, la persévérance, l’entraide, la passion du sport, la volonté d’intégration et l’importance du travail."
Une année de voyage
Ousmane Camara s’est présenté devant une trentaine d’élèves impatients d’entendre les premières paroles de ce phénomène qui a tant de fois risqué sa vie pour atteindre la France. "J’ai le plaisir de venir partager mon histoire avec vous. Je le fais aussi pour papa", en désignant Bernard David, le directeur du centre de formation qui l’a accompagné comme un père dès son arrivée en 2018.
Chaque élève avait devant lui un polycopié A3 sur lequel était dessinée une carte qui servira à repérer le parcours du jeune Guinéen. L’autre partie du document était réservée aux prises de notes.
Questionné par les élèves, il a expliqué pourquoi, encouragé par son oncle, il a décidé de quitter la pauvreté de Conakry à l’âge de 15 ans pour aller jouer au foot en France. Une année de souffrances pour boucler un long périple à travers le Mali, le Niger, la Libye et l’Italie avant son arrivée à Nîmes où il vivra dans un foyer et jouera en U19 à Castelnau. "Un agent le signalera à l’AJA et nous sommes allés le chercher", raconte le technicien ajaïste.
Mauvais souvenirs
"Quels ont été les moments les plus difficiles de cette migration ?" demande un élève. "La prison en Libye où il fallait donner de l’argent pour être libéré, mais si tu n’en as pas, ils te frappent. La traversée du désert au Niger a été également difficile. Si tu tombes, personne ne te vient en aide. Durant la traversée en bateau pour rejoindre l’Italie, où nous étions entassés à soixante, les uns sur les autres, j’ai vu des gens se noyer. Quand je suis arrivé à Auxerre, c’est là que ma vie a commencé."
Comme le résumait Albert Camus, qui a donné son nom au collège, dans son ouvrage Le Mythe de Sisyphe : "En vérité, le chemin importe peu, la volonté d’arriver suffit à tout." À méditer.
Le 1er décembre 2022
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