En Guinée, les quartiers de l'Axe ont manifesté plusieurs fois depuis le mois de juin. Dans certaines zones, les habitants ont fait état de l'utilisation d'armes à feu par les forces de sécurité. Elles se livreraient notamment à des tirs de sommation.
Les témoignages se multiplient depuis cet été, depuis les premiers appels à manifester lancés par le FNDC. « Ça s’est passé un samedi soir, vers 17h » en plein mois de juillet, raconte Amadou, 27 ans, qui était en train de se reposer dans sa chambre, à Bambeto. « J’ai senti un choc à côté de mon pied. Ça m’a réveillé. J’ai alors vu la balle. » Voilà ce qui l’a réveillé.
Amadou tient dans la paume de sa main l’ogive pointue d’une balle de kalachnikov. Après avoir traversé la tôle et le faux-plafond en contre-plaqué, elle est tombée sur sa couverture. « C’est Dieu seulement qui m’a sauvé, parce que si la balle m’avait touché, je ne sais pas ce qu’elle m’aurait fait », ajoute le jeune homme. Il ne se sent plus en sécurité chez lui, les jours de manifestations. « Quand ça commence à tirer, je sors, je vais là où il n’y a pas de grève. »
À quelques centaines de mètres, une concession donne directement sur l'Axe. Mohamed rentrait du travail le 7 septembre. Il était en train de garer sa voiture quand soudain… « J’ai entendu un bruit. J’ai décidé de descendre du véhicule pour constater les dégâts. Au départ, j’ai cru que c’était une pierre, comme il y avait des enfants qui manifestaient au niveau de la route. Je suis descendu et c’est là que j’ai été étonné de découvrir un impact. »
La balle s’est plantée dans la portière côté conducteur. Il n'en revient toujours pas. « Depuis ce jour-là, je la garde dans ma voiture parce que ça pouvait être la fin pour moi. Si j’étais descendu un peu avant, la balle me tombait sur la tête. »
Le ministère de la Sécurité assure que les armes à feu ne sont pas autorisées pour le maintien de l’ordre en Guinée. Pourtant, chaque manifestation ou presque donne lieu à des affaires de balles perdues. « Ils tirent des balles de sommation et puis elles retombent sur les gens. Ceux qui manifestent et ceux qui ne manifestent pas, c'est la même chose. Une balle peut te trouver chez toi. Donc que tu sortes ou pas, c’est la même chose. »
Le 5 septembre dernier, des manifestations éclatent pour le premier anniversaire du coup d’État de Mamadi Doumbouya. Un jeune homme est réveillé en sursaut quartier Tannerie. Une balle s’est logée dans son cou après avoir percé le toit en tôle de la concession où il dormait. Depuis le mois de juin, le FNDC estime que neuf personnes, au moins, sont mortes dans des opérations des forces de sécurité liées à des manifestations.
Correspondant de RFI à Conakry,
Le 27 septembre 2022
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