Le décès dans les liens de la CRIEF de l'ancien ministre, ancien député, ancien président de la CENI (VEUILLE ALLAH, NOTRE CRÉATEUR, l'accueillir dans son éternel Paradis. Amen) sans avoir été jugé et les nombreuses réactions ici et là m'amènent à cette petite analyse sur le sens de la politique de refondation en général et le rôle essentiel de la justice en particulier notamment la CRIEF dans cette phase cruciale de l'avenir de la Guinée.
En effet, en décidant, le 05 septembre 2021, de prendre en main les destinées de la Guinée, le Colonel Mamadi Doumbouya a, dans ses différentes déclarations de ce jour réitérées les jours et semaines suivants, mis en relief la refondation d'un État qu'il hérite dans une situation de déliquescence maximale. Cette Révolution en profondeur d'un pays de tous les excès et de toutes les dérives devrait être sans aucune nuance un nettoyage complet et total aussi bien dans la forme que dans le fond.
Cette volonté a valu au Président du CNRD l'adhésion et le soutien des populations Guinéennes victimes impuissantes des conséquences de la mauvaise gouvernance.
En 1991, le Mali, après le renversement du régime du Général du Moussa Traoré, le Général Amadou Toumany Touré et ses compagnons ont lancé une Révolution qui s'est attaquée et a exorcisé tous les facteurs et causes à l'origine des maux ayant maintenu et aggravé l'état de pauvreté d'un des pays issus de l'empire du Manding. Sans revenir sur tous les détails de ce bouleversement sociopolitique, il faut toutefois noter qu'en mars 1991, le Comité de Transition pour le Salut du Peuple, qui prend le pouvoir après les manifestations populaires réprimées dans le sang, face aux crimes humains et crimes économico-financiers perpétrés essentiellement sous le règne du Président des beaux boubous, le Général Moussa Traore et avant la restauration ou l'instauration d'un nouvel ordre constitutionnel pluraliste s'était donné tous les pouvoirs dans un environnement politique débarrassé au préalable de tout facteur susceptible de provoquer des troubles ou de distraire dans la délicate mais noble mission de renaissance, de construction du Mali nouveau.
Ainsi, parallèlement à la conférence nationale (qui s’est déroulée du 29 juillet au 12 août 1991) et avant la ténue des élections législatives et présidentielle de 1992, le pouvoir militaire a travaillé dans un climat apaisé et dans un environnement calme ou calmé pour situer les responsabilités, toutes les responsabilités individuelles et collectives de la mauvaise gouvernance à travers un procès transparent et public au cours duquel chacun des dignitaires a répondu des mauvais actes commis, les coupables ont été punis, les innocents acquittés.
Mais, cette Révolution, avec une forte dose pédagogique, a surtout permis de corriger les fautes, réparer les erreurs du passé, créer un nouvel état d'esprit chez le Malien, provoquer l'émergence d'une nouvelle classe politique qui, durant les 30 dernières années, a globalement réussi à changer l'image du Mali des années 1990. La guerre jihadiste déchirant le pays et l'affairisme galopant ont malheureusement eu raison de la plupart des acteurs de cette génération de politiciens en déclin. C'est la loi de la nature, le Mali, est à nouveau confronté au défi de la relance.
Avant le Mali, Jerry Rawlins au Ghana, avec sa Révolution, n'a accepté de se faire encombrer par aucune force parallèle encore moins laisser germer aucune forme de désordre. Seul Maître à bord, le Capitaine d'aviation a initié, conçu et exécuté sa Révolution sans aucune entrave.
Là, dans une transparence sans faille, les dignitaires des différents régimes qui se sont succédé depuis 1957, date de l'indépendance, ont répondu tous des chefs d'accusation évoqués contre les uns et les autres. Même des proches du capitaine Rawlins impliqués dans les malversations ont subi la sanction méritée.
Aujourd'hui, les effets de cette Révolution dont visibles et bénéficient au Ghana et à tous les Ghanéens. Le Capitaine Jerry Rawlins à jamais dans l'histoire par la grande porte.
Dans la même logique, les exemples sont légion en Afrique et dans le monde notamment en Amérique du Sud ou le sud-est Asiatique où des pays longtemps dominés, exploités par des régimes dictatoriaux et corrompus brillent aujourd'hui sous la lumière en matière de démocratie et de performances économiques pour avoir opéré des changements profonds imposés ou conduits par des régimes transitionnels patriotiques.
En Guinée, pays des occasions manquées ou perdues, la Révolution tant nécessaire ne s'est jamais produite après plus de 60 ans d'indépendance d'où l'énorme retard non seulement politique et économique mais, encore plus grave, mental malgré les potentialités humaines et naturelles du pays.
Si le CMRN, en avril 1984, a accusé le régime du PDG de crimes politiques et économiques, éliminé l'essentiel des dignitaires du Parti-Etat, il n'a jamais permis aux Guinéens et au monde de savoir ce qui s'était réellement passé notamment par rapport aux complots durant les 26 premières années de l'indépendance, il n'a pas déterminé et situé les responsabilités des uns et des autres sur les graves allégations portées contre le système renversé, ni même expliqué les actifs et passifs hérités.
Mêmes causes, mêmes effets.
En 25 ans de Gouvernance, des membres sinon les différents gouvernements eux-mêmes du Général Lansana Conté ont été, à tors ou à raison, accusés de pillage des ressources, de vol, de détournement des deniers publics, de corruption endémique mais aussi de répression meurtrière des manifestations de l'opposition, le musellement de l'opposition etc.
Le capitaine Moussa Dadis Camara et le CNDD qui n'ont jamais voulu ou pu faire la lumière sur ces accusations portées contre les dignitaires du régime renversé le 22 décembre 2008, ont été également incriminés de s'être illustrés dans les mêmes pratiques et maux durant la période transitoire tachetée par les événements du 28 septembre 2009 qualifiés de "crimes contre l'humanité". La décennie du régime Alpha Condé est encore fraîche dans les mémoires pour insister sur quoi que ce soit
Aujourd'hui, avec la vision et le programme du CNRD marqués par la REFONDATION DE L'ETAT GUINÉEN, il ne faut pas encore rater l'occasion d'une véritable Révolution qui, dans la justice et l'équité, devrait amener chaque commis de l'état à s'assumer.
Comme on pourrait le percevoir, la Justice est une fondation essentielle de cette Révolution.
Dans cette optique, la CRIEF, un des piliers essentiels, allant malheureusement aujourd'hui dans tous les sens, sur tous les fronts dans une forme d'opacité sans aucune issue, donnant le sentiment d'un flou artistique, d'absence de sérénité, d'une non maîtrise des dossiers sinon de l'incompétence, a besoin de magistrats encore plus qualifiés, expérimentés, rompus à la tâche pour faire face à la complexité de la mission. Huit mois, depuis sa création, La Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) semble s'enliser dans des dossiers qu'elle enchaîne et à ce rythme de ne conduire aucun d'entre eux à terme. Et puis, les observateurs sont généralement étonnés de constater sur un dossier supposé de malversations que certains accusés soient placés en détention et d'autres laissés en liberté. Bref, l'opinion ne comprend rien par rapport à son mode opératoire. Et pourtant, comme indiquer plus haut, son rôle est primordial dans la construction de la Guinée de demain telle que définie par le tombeur du régime d'Alpha Condé.
La mort sans jugement de Lounceny Camara sans jugement, mis en cause dans un des dossiers à la veille de l'an 1 de la chute d'Alpha Condé, devrait amener à la réflexion. La justice rendue au nom et dans l'intérêt du Peuple, il importe qu'un ou des procès publics ou ouverts au public soient diligentés afin que tout le monde soit situé sur les actes répréhensibles commis ou non par celles et ceux qui ont l'avantage mais aussi la délicate responsabilité de diriger le pays et de gérer ses deniers.
Abdoulaye Condé (Facebook)
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