Lors de ce second tour, la coalition présidentielle n’a pas pu décrocher de majorité absolue. Le scrutin a aussi été marqué par la très forte poussée du Rassemblement national.
C’était sans doute le principal sujet de ce second tour des élections législatives. Emmanuel Macron aura-t-il les coudées franches pour gouverner ces cinq prochaines années ?
Les résultats du second tour laissent entrevoir une vie parlementaire bien plus animée ces cinq prochaines années que lors du précédent quinquennat. Ils dépeignent une Assemblée nationale éclatée en trois gros groupes, témoin de la « tripartisation » de la vie politique observée lors de la présidentielle, avec une coalition présidentielle (Ensemble !) qui recule au profit de l’union de la gauche (Nupes) et de l’extrême-droite (Rassemblement national).
Pour Emmanuel Macron, c’est une désillusion. La majorité présidentielle visait la majorité absolue. Le pari est perdu. Et visiblement de très loin. Selon les résultats définitifs du ministère de l’Intérieur, la coalition présidentielle Ensemble obtient 245 sièges au Palais-Bourbon. Un résultat qui frôle les plus basses estimations des instituts de sondage dévoilées ces derniers jours.
Percée historique du Rassemblement national
La Nupes ne pourra prétendre être la première force d’opposition à l’Assemblée nationale que si elle avance unie lors de la prochaine mandature. La coalition de la gauche arrive derrière le groupe de la majorité avec 131 sièges. 22 députés sont classés en tant que divers gauches, qui comprennent notamment les dissidents socialistes et les ultramarins. Non comptés dans les rangs de la Nupes, certains de ces derniers pourraient toutefois siéger au sein du groupe de gauche.
La réelle surprise de ce second tour des élections législatives vient de la percée historique du Rassemblement national. La simple constitution aurait pu être qualifiée de réussite. Le parti investit littéralement l’Assemblée nationale avec 89 députés provisoires, selon le ministère de l’Intérieur. Jamais le Rassemblement national – feu Front national – n’avait obtenu un groupe hors scrutin proportionnel. Lorsqu’une dose de proportionnelle avait été intégrée en 1986, le parti avait pu constituer un groupe de 35 députés. C’est dire à quel point la réussite de Marine Le Pen est totale ce soir.
Indiscutablement, ce scrutin va marquer le prochain quinquennat. Emmanuel Macron va devoir user d’alliances pour espérer mettre en œuvre sa politique. Et il n’est pas dit que cela lui sera suffisant. À ce petit jeu, les Républicains peuvent espérer tirer leur épingle du jeu en forçant le gouvernement à faire d’eux un interlocuteur indispensable, en votant ou non les projets de loi du gouvernement. Le parti de Christian Jacob, l’UDI et ses alliés s’arrogent un groupe potentiel de 74 députés.
Avant de s’envoler pour la Roumanie en plein entre-deux-tours, Emmanuel Macron avait appelé les Français au « sursaut républicain » pour le second tour des législatives. D’après les résultats définitifs, le scrutin ressemble plutôt à une gifle.
Le 20 juin 2022
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